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Yacht Marie-Antoinette : Histoire du palais flottant de la reine

Saviez-vous que la reine de France possédait un yacht ? Et qu’elle embarquait sur son palais flottant pour se rendre à Fontainebleau par la Seine pour la villégiature d’automne de la cour ? Non ? Je vous raconte tout sur le yacht de Marie-Antoinette dans ce court article !

Qu'est-ce qu'un yacht au XVIIIe siècle ?

Attention, il ne faut pas confondre le yacht dont il va être question dans cet article avec le célèbre canot de Marie-Antoinette à Versailles. Ce dernier était une embarcation de plaisance destinée à de courtes promenades sur le Grand Canal, situé à deux pas du Petit Trianon.

Georges Roux, La famille royale en gondole sur le Grand Canal, Versailles, musée Lambinet

Le yacht de la reine, lui, était un véritable moyen de transport fluvial. Il s’agit en fait d’un coche d’eau – ou galiote – un bateau à fond plat tiré par des chevaux depuis la berge. À cette époque, par anglomanie, on parle de yacht (ou hyac dans une version francisée).

Pourquoi Marie-Antoinette se rend-elle à Fontainebleau en bateau ?

La première fois que la reine se rend à Fontainebleau par la voie fluviale, c’est en 1783. Elle a 28 ans, 2 enfants, et est de nouveau enceinte. Pour éviter les désagréments d’un voyage en carrosse, elle emprunte la gondole du duc d’Orléans. Le marquis de Bombelles raconte : 

« La Reine, partie en gondole de Choisy avec Madame Elisabeth et des courtisans nommés à l'honneur de l'accompagner, a été par eau jusqu'à Melun, d'où elle s'est rendue ici (à Fontainebleau, ndlr) en carrosse. Elle est y arrivée ainsi que le roi vers les cinq heures du soir. […] Elle était en déshabillé blanc, qu'on nomme pierrot, et sa grossesse paraissait comme si elle était enceinte de six mois. Elle ne nuit pas a sa fraîcheur ni à l’agrément de sa figure. Sa Majesté croit être destinée à mettre au monde deux enfants parce quelle remarque que son ventre forme deux élévations, qu'elle a fait tâter à mme Bombelles. »

Le duc d'Orléans dit Le gros par Alexandre Roslin, vers 1770.
Le duc d'Orléans dit Le gros par Alexandre Roslin, vers 1770.

Cette précaution ne l’empêchera pas de faire une fausse couche malheureusement. Mais l’expérience plaît à Marie-Antoinette. Alors elle décide de se faire construire son propre bateau. Coût de l’opération : 60 000 livres, une somme considérable qui équivaut à 645 000 de nos euros actuels selon le site Convertisseur de monnaie ancienne.

Un navire luxueux, à l'image de la reine de France

« On lui a construit un yacht extrêmement galant, riche et commode », lit-on dans les mémoires de Bachaumont.

Le palais flottant est constituée de 2 ponts comme vous le voyez sur l’aquarelle ci-dessous peinte de mémoire par le fils de Jacques François Orson, le pilote de Marie-Antoinette. Sur le pont inférieur, les appartements de la reine, situés dans des cabines vitrées. Au total, il y a 9 pièces richement garnies : un salon, une pièce de passage, un boudoir et une garde-robe pour la reine, une seconde garde-robe pour ses dames, une salle à manger, un office, une salle des gardes et un hall d’accueil. 

Au dessus des appartements, un second pont, en plein air, permet aux passagers d’observer le paysage. La proue représente une sirène tenant dans ses mains un poisson. L’ensemble est chauffé avec une cheminée (on voyage en octobre !). Une autre cheminée, située dans la cuisine, permettait à Marie-Antoinette de se restaurer « en cas que Sa Majesté veuille manger un poulet » lit-on dans les mémoires de Bachaumont.

Yacht de Marie-Antoinette par Louis-François Orson.
Vue de la galiote de sa Majesté Marie-Antoinette d'Autriche, aquarelle de Louis François Orson, 1829.

Les petits voyages de Marie-Antoinette en yacht

Marie-Antoinette se rend 3 fois à Fontainebleau par la voie fluviale. La première fois, nous l’avons dit, c’est en 1783, avec le navire de son cousin le duc d’Orléans.

En 1785, Marie-Antoinette embarque pour la première fois à bord de son propre yacht depuis les quais de la Rapée, en amont de Paris, sous les yeux d’une petite foule qui s’est amassée pour la voir. Nous sommes alors en pleine affaire du collier, et l’attitude de la reine, qui semble parader, est maladroite, voire provocante. Le vent souffle fort ce jour-là et l’oblige à se réfugier dans ses appartements, ce qui n’est pas plus mal compte tenu du contexte.

La remontée du fleuve nécessite une journée depuis Paris avec une arrivée qui a lieu en aval de Melun. Le trajet se poursuit ensuite par la route jusqu’au château.


Marie-Antoinette renouvelle l’expérience l’année suivante, en 1786. Ce sera son dernier voyage à Fontainebleau. La cour cesse en effet les séjours d’automne par soucis d’économies. La situation financière du royaume est alors catastrophique.

>> À lire aussi : Où a vécu Marie-Antoinette ?

Trajet versailles-Fontainebleau par la Seine entre Paris et Melun
Détail du trajet de Versailles à Fontainebleau par la Seine de Paris à Melun

Que devient ensuite le yacht de Marie-Antoinette ? Il n’est plus entretenu et dès 1793 son état de délabrement est tel qu’il ne peut plus naviguer. Il est vendu aux enchères le 8 février 1793. La suite est incertaine. Selon des rumeurs, il aurait fini en… bateau-lavoir.

Eugène Béjot, bateau-lavoir du Pont Marie
Eugène Béjot, bateau-lavoir du Pont Marie, 1908

Sources :

– Patrick Daguenet, Les séjours de Marie-Antoinette à Fontainebleau, (1770-1786)
– Marguerite Jallut, Les bateaux de Marie-Antoinette, in Neptunia, 1966, n°82
– Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des Lettres en France depuis 1762 jusqu’à nos jours (dits mémoires de Bachaumont)
– Marquis de Bombelles, Journal

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Qui suis-je ?

Je suis Stéphanie Soulier, historienne de formation. J’ai craqué pour Marie-Antoinette après avoir vu un docufiction sur Arte. Depuis… j’ai décidé de lui consacrer un blog. En savoir plus sur ma démarche.

Stéphanie Soulier du site Passion Marie-Antoinette

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