C’est à l’âge de 18 ans, juste après l’accession au trône de Louis XVI, que Marie-Antoinette reçoit en cadeau le Petit Trianon. Elle y voit l’opportunité de créer un cocon intimiste pour échapper à la rigidité de la vie de cour. Il devient rapidement un lieu d’expression de ses goûts personnels, loin des conventions et de l’étiquette du château de Versailles. Découvrez maintenant l’histoire du Petit Trianon de Marie-Antoinette et, grâce à toutes mes informations pratiques, préparez votre visite dans le domaine de la reine.
Histoire du Petit Trianon de Marie-Antoinette
Au cœur du domaine de Versailles, le Petit Trianon se détache comme une perle rare, à la fois discrète et magnifique. L’histoire de ce château de Marie-Antoinette commence au début de la seconde moitié du XVIIIe siècle, lorsque Louis XV, le grand-père de Louis XVI, en commande la construction, sur proposition de sa favorite Madame de Pompadour. Celle-ci ne le verra jamais achevé, elle décède 4 ans avant la fin des travaux. Les murs du Petit Trianon deviennent alors les témoins des amours du roi et de Madame du Barry.
À la mort de Louis XV, Marie-Antoinette apporte une nouvelle dimension aux lieux. Depuis quelque temps, elle désire ardemment « avoir une maison de campagne à elle en propre ». Elle demande donc à son époux la jouissance du Petit Trianon, et l’obtient facilement à en croire ce rapport de Mercy – ambassadeur d’Autriche en France – à Marie-Thérèse d’Autriche, le 7 juin 1774.
« Au premier mot qu’elle prononça au roi du Petit Trianon, il répondit avec un vrai empressement que cette maison de plaisance était à la reine, et qu’il était charmé de lui en faire don. »
Marie-Antoinette n’aime pas la vie de cour au vieux château et cherche à y échapper. Le Petit Trianon lui en offre la possibilité. Le personnel de service est réduit à l’essentiel, les tenues sont plus légères (« Venez en tenue de campagne, sans prétention », précise-t-elle), l’étiquette de Versailles est oubliée. Les ordres y sont donnés « De par la Reine ». À Trianon, Marie-Antoinette règne sur son propre royaume. Inédit dans l’histoire de France ! Jamais auparavant une reine n’avait osé revendiquer la possession d’un bien ; encore moins créer un pouvoir parallèle. La reine trouve dans son refuge intime sa bouffée d’oxygène.
« Ici, je ne suis plus reine, je suis moi. »
Au début, Marie-Antoinette ne fréquente son havre de paix qu’en journée. Son statut de reine l’oblige, en effet, à dormir sous le même toit que le roi. Cependant, tout change en 1779 lorsque suite à un épisode de rougeole, elle est contrainte de se confiner plusieurs jours. Devinez où ? Au Petit Trianon, pardi ! Cette expérience marque le début de ses « petits voyages » réguliers, incluant des nuitées sur place (avec l’approbation du roi qui, souvent, la rejoint pour le petit-déjeuner). La vie là-bas est simple et intimiste, avec des matinées « off », des dîners entre amis, des après-midis faites de musique, de promenades et de jeux, et des soirées conviviales autour d’un bon souper.
Les jardins du Petit Trianon de Marie-Antoinette sont également le théâtre de fêtes somptueuses avec des illuminations féériques qui marquent les invités. Le roi de Suède Gustave III témoigne de « spectacle élyséen » dans une lettre au comte de Creutz !
Le Petit Trianon incarne la personnalité singulière de Marie-Antoinette et reste indissociable de son histoire. Bien que d’autres aient occupé ce lieu par la suite, notamment Marie-Louise, la seconde épouse de Napoléon, il demeure à jamais, dans la mémoire collective, le refuge privilégié de la reine qui y trouva son bonheur, aussi fugace fût-il.
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Le « style Trianon »
À l’intérieur du bâtiment, Marie-Antoinette préserve largement l’esthétique d’origine. Elle apporte sa touche personnelle avec des éléments de décoration champêtre reflétant l’esprit du temps, comme le « mobilier à épis » et son tissu fleuri qui décore sa chambre à coucher (ne vous y trompez pas, le tissu originel se trouve sous les housses visibles actuellement).
Le cabinet des Glaces mouvantes est la seule transformation majeure opérée dans la bâtisse. Le mécanisme ingénieux de miroirs montants et descendants devant les fenêtres témoigne de la recherche absolue d’intimité de la reine.
Si Marie-Antoinette touche peu à l’aménagement intérieur, elle refaçonne entièrement les jardins. La mode étant au style anglo-chinois, exit les plans rectilignes à la Le Nôtre. Ils laissent place à des paysages composés d’allées sinueuses et de vallons traversés par de paisibles rivières, jonchés d’aménagements (belvédère, temple de l’Amour, rocher, grotte, jeu de bague, etc.). Le chantier est achevé en 1782. Un théâtre et un village champêtre complètent l’ensemble du domaine du Petit Trianon.
Le style Trianon se caractérise par une volonté d’harmoniser l’intérieur avec l’extérieur. La couleur vert tendre des boiseries, les rappels floraux dans le décor ou encore, les grands ouvrants donnant sur les jardins ou sur le temple de l’Amour en sont l’illustration.
Le domaine de Marie-Antoinette : plan du château et des jardins
Plan des intérieurs
C’est à l’architecte Gabriel que Louis XV confie la conception du Petit Trianon. Il s’agit d’un bâtiment carré de style néogrec de deux étages, surmonté d’une balustrade.
Au rez-de-chaussée se trouvent la salle des gardes, le salon du Billard, le réchauffoir, la salle abritant le mécanisme des Glaces mouvantes, la pièce d’argenterie (avec quelques spécimens du délicat service en porcelaine dit « à perles et barbeaux »), deux fruiteries et l’escalier d’honneur, dont la balustrade en fer forgé et bronze doré est ornée du monogramme de la reine (MA).
Au 1er étage, l’escalier mène d’abord à l’antichambre. C’est ici qu’est exposé le plus célèbre portrait de la reine, celui de Louise Élisabeth Vigée Lebrun, Marie-Antoinette à la rose.
Ensuite, en enfilade, apparaissent la grande salle à manger et la petite salle à manger. Un salon de compagnie précède l’appartement de la reine, qui comprend le boudoir (cabinet des Glaces mouvantes), sa chambre à coucher et un cabinet de toilette.
Les visites libres s’arrêtent là, mais il existe également une visite guidée donnant accès aux étages supérieurs du Petit Trianon (et vous évite de rester sur votre faim, comme moi la première fois). Vous visiterez l’entresol, affecté aux femmes de service à l’époque de Marie-Antoinette, et l’attique, avec, notamment les chambres évoquant Madame Élisabeth, sa belle-sœur, et Madame Royale, sa fille.
Plan des extérieurs
Le Petit Trianon semblerait bien incomplet sans la visite de ses nombreuses fabriques (c’est ainsi qu’on les appelle), œuvres de l’architecte favori de Marie-Antoinette, Richard Mique : le Temple de l’amour, que la reine pouvait contempler de la fenêtre de sa chambre, le théâtre (qui fait l’objet d’une visite guidée insolite !) et autour du petit lac, le belvédère, le rocher et la grotte. Un peu plus loin, en traversant le jardin anglo-chinois, le hameau, avec son paysage de conte de fées, offre un voyage dans le temps inoubliable.
Visiter le Petit Trianon de Marie-Antoinette : infos pratiques
Le Petit Trianon se situe à environ 30 minutes de marche du château de Versailles. Cette distance est à anticiper dans votre programme, surtout si vous avez réservé une excursion guidée. Il ouvre ses portes à partir de midi, tous les jours, sauf le lundi, jour de fermeture du domaine. Explorer cet endroit est incontournable pour qui souhaite suivre les traces de Marie-Antoinette à Versailles. Comme il n’est accessible qu’à la mi-journée, vous pouvez débuter votre parcours par la visite du château et du grand Appartement de la reine (avec pour point d’orgue, sa chambre d’apparat bien sûr !).
L’achat d’un « billet passeport » à 32 € (tarif 2024) est indispensable pour accéder au Petit Trianon de Marie-Antoinette tout en bénéficiant de l’accès au château. Sinon, vous pouvez simplement vous procurer un billet « domaine de Trianon », au prix de 12 € (tarif 2024).
Dans tous les cas, la réservation en ligne est fortement recommandée.
👉 Par ici pour acheter votre billet (ceci n’est pas un lien affilié et il vous mène vers le site officiel du château de Versailles, avec les VRAIS tarifs).
Je ne peux que vous conseiller, pour les avoir testées, de compléter votre balade avec les visites guidées suivantes, au choix :
- « Les effets scéniques du théâtre de la reine » (vous pourrez monter sur scène, voir l’envers du décor et la machinerie – presque – d’époque) ;
- « Le hameau de Marie-Antoinette à Marie-Louise » (vous visiterez l’intérieur de la maison de la reine, la laiterie de propreté…) ;
- « Le Petit Trianon de Marie-Antoinette » (vous accèderez à l’entresol et aux pièces de l’attique).
(C’est une des idées cadeaux en lien avec Marie-Antoinette que je vous suggère si vous voulez gâter un ou une proche fan de la reine.)
Malheureusement, vous n’échapperez pas à certaines erreurs prononcées par les guides (oups, je ne vais pas me faire des amis 🙈), mais au moins, vous accèderez à des lieux inaccessibles dans le cadre du parcours de visite grand public, avec l’impression d’être un ou une privilégié·e. 👑
Chaque visite coûte 10 €, à ajouter au prix du billet principal (7 € seulement pour les porteurs de la carte « 1 an à Versailles » et les adhérents de la Société des amis de Versailles).
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne visite !
Et si vous souhaitez explorer d’autres lieux en lien avec Marie-Antoinette, je vous conseille de franchir le périph’ et de faire :
- une visite Marie-Antoinette à Paris ;
- le musée Carnavalet avec ses objets de Marie-Antoinette ;
- la Conciergerie, la prison de Marie-Antoinette.
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À très vite !
Stéphanie