La Conciergerie fait partie des monuments emblématiques de Paris. Berceau du pouvoir des rois de France, le lieu est aussi (surtout ?) célèbre pour avoir été la dernière demeure de la femme de Louis XVI. Combien de temps y a-t-elle été incarcérée ? Que reste-t-il de Marie-Antoinette à la Conciergerie ? De sa cellule ? De ses objets ? C’est ce que je vous propose de découvrir dans cet article (pour vous mettre l’eau à la bouche avant une visite ou simplement pour votre culture).
Marie-Antoinette à la Conciergerie : un peu d’histoire
Le Temple, nuit du 1er au 2 août 1793. Marie-Antoinette est réveillée en sursaut à 2 heures du matin par 4 commissaires de la Commune. Ils lui lisent l’arrêté ordonnant son transfert immédiat à la Conciergerie dans le cadre de son renvoi devant le tribunal extraordinaire. Elle arrive sur les lieux une heure plus tard. On la conduit immédiatement dans sa cellule, au rez-de-chaussée de la prison. Elle y restera enfermée 76 jours, sans pouvoir sortir se promener ni respirer l’air frais, contrairement aux autres détenues. Son cachot est humide et sombre. Elle le partage avec 2 gendarmes chargés de la veiller jour et nuit.
Après un projet d’évasion raté – le fameux complot de l’œillet – les conditions de détention de celle que l’on appelle la « veuve Capet » se durcissent : sa chambre est fouillée toutes les heures. La reine n’est plus que l’ombre d’elle-même. Il est loin le temps où elle régnait sur son royaume de Petit Trianon à Versailles entourée des personnes qu’elle aimait. Elle a 37 ans et en paraît bien plus. Son physique est marqué par les malheurs endurés depuis maintenant 3 ans. En début d’année, on a guillotiné son mari ; début juillet, on lui a enlevé son fils – son Chou d’amour – ; et début septembre, on a trucidé son amie la princesse de Lamballe et transporté sa tête fichée au bout d’une pique jusque sous ses fenêtres, au Temple. Que peut-elle attendre de la vie désormais ? Son procès commence le 14 octobre. C’est un marathon éprouvant qui dure 28 heures. Il se termine dans la nuit du 15 au 16, par la lecture de sa condamnation à mort. À 10 h, elle quitte sa cellule. Elle marche vers son destin. Son supplice, sa force et son courage dans l’adversité feront bientôt d’elle une martyre. De détestée, elle va devenir adulée et son image va littéralement changer. Des milliers de curieux (comme vous ?) souhaiteront visiter sa dernière demeure et taperont dans Google « Marie-Antoinette à la Conciergerie » pour en savoir plus ou préparer leur visite. Voyons maintenant ce qu’il reste de la reine France dans les murs de l’ancienne prison.
👉 Lisez cet article si vous souhaitez savoir où est enterrée Marie-Antoinette.
La cellule de Marie-Antoinette à la Conciergerie
Comme certains internautes qui posent la question sur la page Google de la Conciergerie, vous vous demandez peut-être si la cellule de Marie-Antoinette est ouverte au public ? Oui, mais inutile d’espérer, vous ne verrez pas le cachot tel qu’il était en 1793. Sous la restauration, l’endroit a été aménagé en lieu de recueillement (à l’instar de la chapelle Expiatoire, dans le 8e arrondissement). Le sanctuaire est inauguré le 16 octobre 1816, pile 23 ans après la mort de la souveraine. Un petit autel trône à l’endroit supposé de l’emplacement de son lit. Un vitrail marqué à son chiffre (un M et un A entrelacés), 3 tableaux la représentant en martyre, et un autel sur lequel est gravé le testament de la reine complètent l’ensemble. Les murs noirs parsemés de larmes d’argent parlent d’eux-mêmes : ici on pleure la prisonnière. Un article du journal Le Moniteur du 17 octobre 1816 traduit l’émotion des personnes présentes lors de l’inauguration.
« C’était là… Tels étaient les mots presque seuls qui se répétaient d’abord de bouche en bouche et que des larmes accompagnaient dans tous les yeux »
Si vous déjà avez visité la Conciergerie, et plus précisément entre 1989 et 2016, vous aurez sans doute été frappé par une reconstitution de la cellule avec un mannequin de Marie-Antoinette de dos. Ne la cherchez pas, elle n’existe plus. Désormais, un histopad vous immerge dans le cachot tel qu’il était à l’époque. Tout aussi impressionnant !
Les objets de Marie-Antoinette visibles dans sa prison parisienne
À elle seule, la chapelle de la Conciergerie est un mini musée Marie-Antoinette. Rares sont les lieux où l’on peut voir autant d’objets ayant (supposément) appartenu à la reine, en dehors de Versailles ou des collections particulières comme celle de Michèle Lorin). Dans la vitrine des reliques de la reine située dans la salle dite des Girondins, vous verrez :
- un caraco de deuil porté au Temple ;
- le soulier que la reine aurait perdu en montant à l’échafaud ;
- une tresse mêlant les cheveux de Louis XVI, de Marie-Antoinette et de la duchesse d’Angoulême (leur fille, seule rescapée de la Révolution de la famille) ;
- un tapis provenant de la cellule de la reine à la Conciergerie ;
- des aiguilles à tricoter utilisées au Temple ;
- et bien d’autres reliques encore.
En revanche, vous ne verrez pas de robe de Marie-Antoinette à la Conciergerie contrairement à ce que vous pourriez croire en visionnant les photos de Google Maps. Ces parures ont été montrées lors de la fabuleuse exposition de 2019-2020, Marie-Antoinette Métamorphoses d’une image (n’hésitez pas, d’ailleurs, à vous procurer le très beau livre de la rétrospective ; personnellement, je l’adore).
Avec tout ça, vous devriez maintenant avoir très envie de visiter la Conciergerie, non ? Alors voici quelques infos pratiques :
📍2 boulevard du palais
75001 Paris
🕘 Ouverture tous les jours de 9 h 30 à 18 h
💰 13 € plein tarif (gratuit – 18 ans, demandeur d’emploi, étudiant jusqu’à 25 ans…)
🔗 Site internet de la Conciergerie
👉 Vous voulez partir sur les traces de la reine à Paris (sans aller à Versailles) ? Je vous ai préparé un Marie-Antoinette Paris tour !
👉 Vous envisagez de vous rendre prochainement à Versailles ? Alors lisez cet article consacré au Petit Trianon de Marie-Antoinette.
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Stéphanie
Sources :
– Le Moniteur universel du 17 octobre 1816
– De Waresquiel Emmanuel, Les derniers jours de Marie-Antoinette, Paris : Tallandier, 2021, 352 p.
– Collectif, sous la direction d’Antoine de Baecque, Marie-Antoinette, métamorphoses d’une image, Paris : Éditions du patrimoine, 2019, 215p.
2 Responses
Quels livres la Reine a-t-elle lu à la Conciergerie mis à part « Voyage du jeune Anacharsis en Grèce » ? Je crois savoir qu’elle voulait lire les histoires les plus tristes possible.
Bravo et merci pour votre travail.
Bonjour,
Il faut se méfier de certaines sources peu fiables. En l’occurrence, la lecture du Voyage du jeune Anacharsis en Grèce et des Révolutions d’Angleterre est relatée en premier le 12 septembre 1793 par Louis Sébastien Mercier dans son journal Annales patriotiques et littéraires. Si l’on reprend l’extrait en entier, on ne peut que se méfier de ses dires, car à le lire, la reine semblerait jouir de conditions de détention presque idéales… Je cite « [Marie-Antoinette] se lève tous les jours à sept heures et se couche à dix […] ; elle mange avec beaucoup d’appétit, le matin du chocolat et un petit pain, à diner de la soupe et beaucoup de viande, poulets, côtelettes de veau et de mouton; elle ne boit que de l’eau, ainsi que sa mère, dit-elle, qui ne but jamais de vin ; elle a quitté la lecture des Révolutions d’Angleterre et lit actuellement le Voyage du jeune Anacharsis. À peine est-elle sortie du lit qu’elle se poudre ; elle fait sa toilette elle-même, avec cette coquetterie qui n’abandonne point une femme au dernier soupir. » Or, on sait qu’elle était privée de beaucoup de choses et surtout, qu’elle devait tourner en rond dans sa cellule, réduite, pour s’occuper, à tresser des bouts de fils qu’elle arrachait de la toile du mur. Plus vraisemblablement, elle devait passer beaucoup de temps à prier et possédait un Office de la divine providence.