Le musée d’Histoire de Paris dispose d’une collection de 30 objets ayant appartenu à Marie-Antoinette : nécessaire de toilette, textiles, éventails, bijoux… Malheureusement, les œuvres étant exposées par rotation, tous ces trésors ne sont pas visibles en même temps. Je vous propose ici un focus sur 5 spécimens du catalogue du musée Carnavalet relatifs à Marie-Antoinette. Ces reliques, dont certaines ont une dimension sacrée, sont les témoins silencieux et émouvants de la chute de la dernière reine de France.
1. Soulier sauvé lors de la prise des Tuileries : la relique phare de Marie-Antoinette au musée Carnavalet

Cette chaussure de Marie-Antoinette est une des pièces maitresses du musée d’Histoire de Paris. Le fait qu’elle ait appartenu à la reine de France n’est pas certain, d’ailleurs, son intitulé exact dans le catalogue des collections est « soulier supposé de Marie-Antoinette ».
Il est en soie beige à rubans croisés marron, et de petite taille. La description officielle du soulier indique qu’il mesure 22 cm, ce qui correspondrait à une pointure 35. Or on sait que la reine chaussait du 36,5. L’histoire attachée à cet objet est rocambolesque ! La souveraine aurait perdu sa chaussure en fuyant lors de la prise des Tuileries le 10 août 1792, et un insurgé s’en serait emparé. Un courageux garde national du bataillon des Filles-Saint-Thomas, M. d’Ennecey de Champuis, l’aurait récupérée dans un corps à corps héroïque, au péril de sa vie. Est-ce vrai ? Malheureusement, il n’y a aucune certitude à ce sujet. En tout cas, la relique a été conservée dans la famille du valeureux sauveteur, et donnée au musée Carnavalet en 1914.
Il faut savoir qu’il subsiste quantité de chaussures, mules et pantoufles ayant (supposément) appartenu à Marie-Antoinette, dans les musées ou les collections privées. Le catalogue de la ville de Paris possède 3 modèles :
- celui des Tuileries ;
- un soulier perdu en montant sur l’échafaud (propriété du musée de Caen visible à la Conciergerie) ;
- une pantoufle rose brodée de perles.
2. Reliquaire contenant des « souvenirs de la famille de S.M. Louis XVI » exposé au musée d’Histoire de Paris

Ce superbe reliquaire en forme de cénotaphe contient plusieurs objets ayant appartenu à la famille royale. Ils ont été religieusement conservés par Pauline de Tourzel, la fille de la gouvernante des enfants royaux, et montés sur un ensemble en ébène incrusté d’étain recouvert d’un globe en verre. L’objet a été cédé au musée Carnavalet en 1994 par des descendants de Pauline de Tourzel.
Que contient ce reliquaire ? Beaucoup de choses, dont assez peu finalement sont visibles par le visiteur… :
- un couteau de cuisine en ivoire et acier de Madame de Tourzel, utilisé au Temple ;
- des portraits dans des médaillons (notamment de Louis Charles par Kucharski) ;
- des mèches de cheveux de la famille royale ;
- une tabatière en écaille ;
- un jeu de quilles de Louis Charles ;
- un fragment de textile provenant du cercueil de Marie-Antoinette lors de l’exhumation de 1815 ;
- une tresse faite par Marie-Antoinette à la Conciergerie ;
- le cure-dent de la reine ;
- un fil de sa paillasse ;
- une amulette de pèlerinage en plomb de la duchesse d’Angoulême (Madame Royale) ;
- une pièce de monnaie qu’avait sur lui Louis XVI lors de la fuite de Varennes (20-21 juin 1791) ;
- des papiers manuscrits.
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3. Éventail de Marie-Antoinette donné à une jeune fille à son arrivée en France en 1770

Je n’ai pas eu la chance de le voir lors de ma visite au musée Carnavalet en septembre 2022, mais il fait partie de la collection : l’éventail de Marie-Antoinette de 1770. L’Archiduchesse serait arrivée en France avec cet objet, et elle l’aurait remis à une jeune paysanne qui la félicitait à Strasbourg. Le cadre de laiton est gravé avec cette inscription :
L’objet, en soie et ivoire, est composé de 14 brins et de 2 panaches. 3 saynètes sont représentées :
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4. Chemise de Marie-Antoinette portée au Temple
Quand la famille royale arrive au Temple le 10 août 1792 après l’invasion des Tuileries, elle n’a pas de trousseau. La commune lui procure donc du linge, dont cette chemise de batiste. Les fournitures de Marie-Antoinette sont d’abord brodées de ses initiales et du point de croix du dessin de la couronne. Elles sont ensuite décousues de ces marques jugées ostentatoires. Cléry, l’ancien valet de chambre de Louis XVI entré au service du roi au Temple le 26 août 1792, gère le blanchissage et fait broder le linge de ses propres initiales (HC).
Les frais de linge (fournisseur, blanchisseur) sont exorbitants, alors la Commune décide de changer de prestataires. Après la mort du roi le 21 janvier 1793, les prisonnières doivent repriser elles-mêmes leurs vêtements, et l’entretien du linge se fait de manière plus aléatoire.
5. Flacons de toilette ayant appartenu à la reine exposés dans la « chambre du Temple » de Carnavalet
Ces flacons en verre tout simples et ce pot à fard en porcelaine de Saint-Cloud sont sous vitrine, dans une pièce rassemblant du mobilier sauvé du Temple (bibliothèque, lit de Madame Élisabeth, table…). C’est probablement une fiole comme celles-ci que Marie-Antoinette emporta avec elle la nuit où elle fut conduite à la Conciergerie, le 2 août 1793.
Le flacon avec dorures, au premier plan sur l’image ci-dessus, contiendrait un reliquat d’essence de parfum ayant appartenu à Marie-Antoinette !
J’espère que cette visite virtuelle au milieu des reliques de Marie-Antoinette du musée Carnavalet vous a plu. Si vous êtes de passage à Paris, je vous conseille vivement d’aller les voir en vrai ! Ce sera l’occasion d’observer les autres objets non cités dans cet article, ainsi que les tableaux célèbres du musée (Serment du jeu de Paume de David, Portrait de Marie-Antoinette au Temple par Kucharski…). Le musée d’Histoire de Paris se situe 23 rue de Sévigné (Paris 3e) et accueille le public du mardi au dimanche, de 10 h à 18 h. L’entrée est gratuite, profitez-en ! Toutes les informations sur le site officiel !
👉 Encore un peu de lecture ? Je vous propose de découvrir un endroit encore méconnu de Paris, en lien avec Marie-Antoinette : la chapelle Expiatoire. Ainsi, vous pourrez faire un combo Carnavalet-chapelle Expiatoire lors de votre prochaine escapade dans la capitale !
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Stéphanie