Passion Marie-Antoinette

L'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche avec un masque dans les mains, un portrait de Martin Van Meytens.

Marie-Thérèse d’Autriche : une souveraine visionnaire

Découvrez qui est Marie-Thérèse d’Autriche, une souveraine inoubliable issue de la prestigieuse lignée de l’empereur Charles VI d’Allemagne. En 1740, elle monte sur le trône, marquant ainsi le début d’une ère de leadership exceptionnel. Son mariage avec François de Lorraine la propulse au rang d’impératrice. Pendant quatre décennies, elle exerce une autorité incontestée sur la monarchie autrichienne. Cette femme politique avisée allie habilement son respect pour les traditions, les privilèges et les normes établies à une vision moderne du pouvoir. Comment Marie-Thérèse de Habsbourg navigue-t-elle dans un monde où le poids de la noblesse et les aspirations nationales redéfinissent constamment les limites des prérogatives de l’État ? Sa biographie fascinante dévoile l’ambivalence d’une souveraine attachée à la coutume tout en embrassant la nécessité du changement.

Note : cet article sur Marie-Thérèse d’Autriche a été rédigé par Sandrine Lepers, rédactrice web SEO de talent, passionnée par l’histoire des Habsbourg et la généalogie des familles royales. J’espère que vous prendrez autant de plaisir que moi à le lire. Bonne lecture !

Marie-Thérèse d’Autriche : une enfance conforme à la tradition des Habsbourg

Née le 13 mai 1717, Marie-Thérèse d’Autriche est la fille aînée de l’empereur Charles VI (1685-1740) et de l’impératrice Élisabeth Christine de Brunswick-Wolfenbüttel (1691-1750). Pendant son enfance, elle est élevée selon la tradition, avec des gouvernantes de la noblesse autrichienne.

Son éducation, prise en charge par les Jésuites, accorde une part considérable à la religion, le latin et l’histoire. La future souveraine maîtrise le français, l’italien, l’espagnol et l’allemand. En outre, elle se révèle douée pour le chant, ainsi que pour la danse et la musique, qui occupent une position significative dans son apprentissage.

L’avenir matrimonial de l’archiduchesse Marie-Thérèse suscite beaucoup d’attention de la part des cours européennes, qui portent un intérêt particulier à l’Autriche. En fin de compte, elle épouse le 12 février 1736 François Étienne de Lorraine, qui deviendra plus tard l’empereur François Ier. Le mariage, à l’origine motivé par des considérations politiques, s’avère également être une union d’amour.

La succession difficile de Charles VI : La Pragmatique Sanction

À 23 ans, le 20 octobre 1740, Marie-Thérèse accède au trône après son père, Charles VI, dans un contexte frappé par la Pragmatique Sanction. Charles VI, toujours sans garçon après cinq ans de mariage, craint pour la pérennité de la dynastie des Habsbourg. Il souhaite assurer la continuité de sa lignée en l’absence de successeurs masculins. Il élabore donc un acte qui stipule : « Qu’au défaut des mâles la Succession échoira en premier lieu aux Archiduchesses nos filles, en second lieu aux Archiduchesses nos nièces, filles de nôtre frère, et en troisième lieu aux Archiduchesses nos sœurs, et enfin à tous leurs Héritiers descendants de l’un et de l’autre Sexe voulant qu’en tous ces cas elles gardent entre Elles l’ordre de Succession linéale, tel qu’il est marqué dans nôtre susdit Règlement, lequel se trouve entièrement conforme à celui qui a été établi pour les mâles, selon le rang de la Primogéniture et Succession linéale » (extrait de la Pragmatique Sanction). Cette mesure, mise en place en 1713, garantit de cette façon la succession de Charles VI au sein de la famille des Habsbourg.

À son arrivée sur le trône, la jeune impératrice doit affronter de nombreuses contestations. Elle apparaît lucide de son inexpérience comme elle l’indique dans son testament politique : son père n’avait pas cru devoir « l’initier à la conduite des affaires extérieures et intérieures désinformées à leur sujet. » (Joseph Kallbrunner, Kaiserin Marie Theresias politisches Testament, Vienne 1952.) Malgré tout, elle fera face à ses lacunes et apprendra par la pratique du pouvoir. Elle fait preuve d’une volonté et d’une force de caractère hors du commun.

Les réformes modernes de Marie-Thérèse de Habsbourg

Marie-Thérèse ne cherche pas à réinventer, mais plutôt « à améliorer pour conserver » l’ordre établi. Son approche de la transformation vise à concilier la tradition et le progrès. Marie-Thérèse d’Autriche met donc en place des réformes qui préservent la stabilité et l’harmonie au sein de la société autrichienne tout en s’efforçant de moderniser son royaume. Ses évolutions se déploient dans différents domaines.

Réformes administratives

Dès 1749, Marie-Thérèse crée à Vienne le Directorium in publicis et cameralibus, ministère chargé des affaires intérieures et des finances en lieu et place des chancelleries particulières. Elle établit des représentants du pouvoir dans chaque province. Elle met en place un cadastre centralisé en 1751. La justice est séparée de l’administration. Un conseil supérieur du commerce est institué pour coordonner l’économie nationale.

Réformes dans le domaine de l’éducation et de la langue

L’impératrice fonde le Thérésianum, une nouvelle académie dédiée à l’enseignement de l’économie politique et du droit international, ainsi qu’une haute école des langues orientales pour former les futurs consuls. En 1774, elle démocratise l’éducation en ouvrant les gymnasium aux élèves méritants issus de milieux désargentés et en apportant un soutien financier aux établissements d’instruction primaires et secondaires. Elle favorise également la diffusion de l’allemand au détriment du latin. Elle contribue ainsi à forger une identité nationale par l’usage d’une langue commune.

Réformes économiques

La souveraine introduit le thaler thérésien en tant que monnaie forte, qui gagne rapidement en renommée dans toute l’Europe. Le thaler est frappé pour la première fois à son effigie en 1751 à Vienne. Il est et demeure une fort belle pièce avec le nom de Marie-Thérèse, impératrice des Romains et « roi » de Hongrie et de Bohême, et sur la tranche les mots « justice » et « clémence ». Ces inscriptions, notamment les dernières, et la complexité des dessins constituent une garantie de véracité et permettent d’écarter les contrefaçons. À ces qualités s’ajoute l’absolue stabilité de poids et de titre. L’émission de 1765 fixe de manière définitive ses caractéristiques. Le thaler prime dans les échanges alors déséquilibrés en faveur de l’Est, entre l’Europe et le Proche-Orient.

Avers et revers d'un thaler thérésien millésimé de 1780.
Avers et revers d’un thaler de Marie-Thérèse en argent, millésimé de 1780.

La politique matrimoniale ambitieuse de l’impératrice Marie-Thérèse

Mère de 16 enfants, dont la future reine Marie Antoinette d’Autriche, Marie-Thérèse déclare en avril 1774 : « L’éducation de mes enfants a toujours été mon grand et le plus cher de mes objets. » (Lettre à l’archiduc Maximilien François, in Alfred Ritter von Arneth, Briefe der Kaiserin Marie Theresia, T II p. 318.) Elle surveille attentivement leur instruction, avec un contrôle sur eux, y compris à l’âge adulte.

Avec son époux l’empereur François, Marie-Thérèse fonde une nombreuse famille composée de 11 filles et de 5 garçons :

  • Marie-Élisabeth (1737-1740) ;
  • Marie-Anne (1738-1789) ;
  • Marie-Caroline (1740-1741) ;
  • Joseph II (1741-1790) ;
  • Marie-Christine (1742-1798) ;
  • Marie-Élisabeth (1743-1808) ;
  • Charles Joseph (1745-1761) ;
  • Marie-Amélie (1746-1804) ;
  • Léopold II (1747-1792) ;
  • Marie-Caroline (née et morte en 1748) ;
  • Jeanne Gabrielle (1750-1762) ;
  • Marie-Josèphe (1751-1767) ;
  • Marie-Caroline (1752-1814) ;
  • Ferdinand (1754-1806) ;
  • Marie-Antoinette (1755-1793) ;
  • Maximilien François (1756-1801).

À partir de 3 ans, les héritiers du couple royal se préparent progressivement à leurs futures responsabilités avec leurs parents. Marie Thérèse joue un rôle très actif en tant que mère. Elle met en avant deux impératifs :

  • l’importance de la religion, qui inculque la soumission et l’amour de Dieu ;
  • une vigilance extrême à la santé, à l’alimentation et à l’hygiène de l’enfant.

L’apprentissage des arts débute dès le plus jeune âge. Pour l’impératrice, chaque occasion est propice à enseigner comment se comporter en public et à attirer l’attention de la cour. De plus, elle utilise sa progéniture dans un contexte diplomatique, en particulier grâce à une politique matrimoniale dépourvue de sentiments. Celle-ci vise à renforcer les alliances avec d’autres cours étrangères pour les filles et à la représenter dans les provinces impériales pour les garçons.

Marie-Thérèse, François Ier et leur enfants sur un tableau de Van Meytens
Marie-Thérèse d’Autriche, François Ier et leurs enfants par Martin Van Meytens. Marie-Antoinette se trouve dans le berceau. 1755. Château de Versailles.

Un déclin progressif et une corégence difficile avec Joseph II, son successeur

À la mort de son mari le 18 août 1765, passionnée et fidèle depuis la première heure et n’ayant jamais pris d’amants, l’impératrice Marie-Thérèse est anéantie. Elle souffre depuis longtemps de mélancolie, et son état dépressif s’aggrave. Elle garde le deuil jusqu’à la fin de ses jours, renonce à toute vie sociale, se consacrant exclusivement aux affaires publiques. Cependant, après une courte période de rumeurs sur son retrait et son soutien à Joseph, elle revient au premier plan dans un système de corégence, bien que Joseph ait succédé à son père en tant qu’empereur d’Allemagne.

Plusieurs raisons expliquent cette corégence complexe entre la souveraine et son héritier. Elle se méfie de son fils, qui se révèle être un jeune homme ambitieux. Elle souhaite maintenir le contrôle sur le pouvoir et limite beaucoup la marge de manœuvre de son aîné. Ils ont des conceptions différentes de l’exercice de l’autorité et des aspirations divergentes pour l’Autriche.

Les notes de Léopold, son cadet, éclairent cette ambivalence de l’impératrice, le caractère de son successeur et leur incapacité à se réconcilier : « Elle aime extrêmement l’empereur, et ne connaît pas de plus grande satisfaction que d’entendre son éloge et de le voir acclamé. Cependant, elle souhaiterait lui donner des ordres et le guider, savoir tout ce qu’il fait et cherche à faire. Elle se plaint énormément de la façon dont il se comporte à son égard et dit qu’il cherche à la rabaisser et à se moquer d’elle […]. Mais lorsqu’il a fait quelque chose qui le dessert aux yeux du public, elle est complètement effondrée, parce qu’elle souhaiterait le disculper de tout ».

 

Joseph II, empereur du Saint-Empire-romain-germanique, en armure.
Joseph II, empereur du Saint-Empire-romain-germanique, en armure. Joseph Hickel, 1771, musée de Vienne.

En vieillissant, Marie-Thérèse d’Autriche est tiraillée entre ses sentiments maternels et son inaptitude à céder le pouvoir à son fils : « Elle est très jalouse de lui dans les affaires de l’État, en particulier lorsqu’elle voit le grand prestige dont il jouit auprès du public, et parce que beaucoup se plaignent d’elle auprès de lui, lui imputant toutes les choses déplaisantes et disant que tout ira mieux lorsqu’il gouvernera seul […]. Elle est extrêmement jalouse de toute personne qui s’entretient avec l’empereur, le loue ou correspond avec lui et semble vouloir dissimuler une entente qui se tournerait contre elle » (Note de l’Archiduc Léopold – in Leopold II. Erzherzog von Österreich, Grossherzog von Toskana. König von Ungarn und Böhmen, Römischer Kaiser d’Adam Wandruszka, Directeur de l’Institut d’histoire de l’Université de Vienne en 1983).

La santé de l’impératrice se détériore de plus en plus en raison de sa corpulence et de problèmes circulatoires. Elle souffre aussi de chagrins familiaux. Le comportement de l’empereur Joseph, qui la fuit souvent, affecte profondément son humeur. Ses médecins s’inquiètent. Finalement, la mort de Marie-Thérèse d’Autriche intervient le 29 novembre 1780, à la suite d’une grave infection respiratoire à l’âge de 63 ans.

Marie-Thérèse d’Autriche : un chef d’État qui a laissé son empreinte dans l’Histoire

Marie-Thérèse d’Autriche est l’une des rares femmes de l’histoire à avoir gouverné son pays et incarné sa nation pendant une période de 40 ans.

« Pour reprendre la métaphore popularisée par Kantorowicz, il faudrait parler des trois corps de la reine. Au corps naturel et mortel de la femme, au corps symbolique et immortel de la souveraine, il faut ajouter le corps maternel qui perpétue la lignée. Chacun de ces états est source de devoirs et d’émotions qui peuvent se contredire l’un l’autre ». Ces fonctions imposent des obligations et suscitent des sentiments qui peuvent parfois entrer en conflit. Toute son existence, l’impératrice Marie-Thérèse a dû jongler avec les contraintes et les responsabilités liées à sa mission impériale, à son rôle de femme et à celui de mère.

Cependant, malgré ces défis, l’essor démographique et économique qui a frappé son règne a fait de cette période l’une des plus emblématiques de l’histoire de l’Autriche. Elle demeure aujourd’hui très appréciée par les descendants de ses anciens sujets, en grande partie grâce à son style de vie et de gouvernement en accord avec les sensibilités de ses peuples. De l’ère baroque aux Lumières, la civilisation thérésienne a laissé sa marque, comme en témoignent les monuments de Vienne, Budapest et Prague qui attestent de son originalité et de sa grandeur.

💡 L’impératrice d’Autriche n’est pas la seule Marie-Thérèse de l’entourage de Marie-Antoinette.

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Sandrine Lepers pour Passion Marie-Antoinette

Sources :

  • Marie-Thérèse d’Autriche, Jean-Paul Bled, Éditions fayard
  • Le pouvoir au féminin, Élisabeth Badinter, Éditions Flammarion
  • Les conflits d’une mère, Élisabeth Badinter, Éditions Flammarion
  • Les Habsbourg, Michel Géoris, Éditions France empire
  • Sanction Pragmatique et Loy perpétuelle à l’égard de la règle et ordre de Succession, et Union indivisible de tous les royaumes, provinces, et États Héréditaires de Sa Majesté Impériale & Catholique, à Vienne le 6 de décembre 1724.https://mjp.univ-perp.fr/constit/at1724.htm

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Qui suis-je ?

Je suis Stéphanie Soulier. J’ai craqué pour Marie-Antoinette après avoir vu un docufiction sur Arte. Depuis… j’ai décidé de lui consacrer un blog. En savoir plus sur ma démarche.

Stéphanie Soulier du site Passion Marie-Antoinette

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