Si je vous dis « Marie-Thérèse », vous pensez spontanément à Madame Royale, la fille de Marie-Antoinette ? Ou bien peut-être à sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche ? Et aviez-vous songé à Marie-Thérèse de Savoie, sa belle-sœur ? Je vous propose donc de nous intéresser aux Marie-Thérèse de Marie-Antoinette, à travers ces portraits de famille.
Marie-Thérèse de France (ou Madame Royale), la fille de Marie-Antoinette
Marie-Thérèse Charlotte naît le 19 décembre 1778. Ce bébé était attendu ! Il aura en effet fallu 7 ans à Marie-Antoinette et Louis XVI pour consommer leur mariage. Et 8 ans et demi pour voir poindre la jolie frimousse de leur 1er enfant. Aïe, ce n’est pas l’héritier souhaité ! Qu’importe pour la reine, qui lui adresse ces mots :
« Vous n’étiez pas désirée, mais vous ne m’en serez pas moins chère. Un fils eût particulièrement appartenu à l’État. Vous serez à moi ; vous aurez tous mes soins ; vous partagerez mon bonheur et vous adoucirez mes peines. »
Le nourrisson se voit attribuer le prénom de sa marraine, qui n’est autre que sa grand-mère maternelle, Marie-Thérèse d’Autriche. Quant au choix de « Charlotte » (qui est d’ailleurs son appellation usuelle), il provient de la féminisation du prénom de son parrain, le roi d’Espagne Charles III. La fillette est confiée aux bons soins de la princesse de Guéménée, gouvernante des enfants de France, puis de la duchesse de Polignac qui lui succèdera. Pour autant, cela n’empêche pas Marie-Antoinette, une maman plutôt moderne pour l’époque, de prendre une part active dans son éducation. Elle lui fait ainsi réciter ses leçons ou assiste à ses repas.
La petite fille est titrée Madame royale (pour la distinguer de l’autre Madame, la femme de… Monsieur… frère cadet du roi). Rapidement, au vu de son caractère, elle est surnommée Mousseline la Sérieuse. Mousseline fait référence à sa chevelure vaporeuse. Le qualificatif qui s’y rapporte, lui, renvoie à son tempérament et à sa gravité dans certains de ses propos. Par exemple, à 4 ans, alors qu’elle rend visite à sa grand-tante, Madame Louise, au carmel de Saint-Denis, et qu’on lui demande quelques mots, elle rétorque « Mesdames, priez pour moi à la messe ». La jeune fille se montre également hautaine et orgueilleuse, un tempérament que Marie-Antoinette s’emploiera à contenir, notamment en l’élevant avec la fille d’une domestique.
C’est une enfant appliquée dans ses leçons, dévouée pour ses amies et très pieuse. Marie-Thérèse a 10 ans quand, au début de la Révolution française, elle est conduite de force aux Tuileries avec le reste de sa famille. Elle en a 14 quand elle arrive au Temple. La jeune fille y restera 3 ans et verra tour à tour partir son père, son frère (confié au sans-culotte Simon), sa mère et sa tante, Madame Élisabeth. Elle n’apprendra le triste sort des 3 derniers qu’en août 1795. Son échange avec des prisonniers politiques détenus par l’Autriche est négocié fin 1795. L’orpheline quitte sa maudite prison la veille de son 17e anniversaire et rejoint la patrie natale de sa mère. Conformément au souhait de Marie-Antoinette, elle épouse son cousin, fils du comte d’Artois (futur Charles X) et devient duchesse d’Angoulême. Elle reviendra en France dans la suite de Louis XVIII pendant la Restauration et vouera un culte à ses défunts parents, notamment à la chapelle Expiatoire de Paris.
Courageuse pendant l’épisode des Cent-Jours à Bordeaux, Napoléon dira d’elle que c’est « le seul homme de la famille ». Contrainte de nouveau à l’exil lors de l’arrivée au pouvoir de Louis-Philippe en 1830, elle s’éteint le 19 octobre 1851 près de Vienne.
Marie-Thérèse d’Autriche, la mère de Marie-Antoinette
L’autre Marie-Thérèse qui a énormément compté dans la vie de Marie-Antoinette est bien sûr sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche. Avec son époux François Ier de Lorraine, elle a eu 16 enfants. La reine de France est l’avant-dernière de cette grande fratrie. La nombreuse progéniture du couple sert le jeu politique de la souveraine. Elle place ses enfants sur l’échiquier européen pour préserver les intérêts du Saint-Empire romain germanique. Son plus beau coup ? Assurément l’union dynastique Bourbon-Habsbourg, scellée en 1769 quand Louis XV demande officiellement la main de la jeune archiduchesse pour le dauphin. Celle que l’on appelle alors Antonia n’a que 13 ans.
Marie-Antoinette ne cesse d’exprimer sa reconnaissance :
« Je sens tous les jours de plus en plus ce que ma chère maman a fait pour mon établissement. J’étais la dernière de toutes, et elle m’a traitée en aînée. Aussi mon âme est-elle remplie de la plus tendre reconnaissance. », Marie-Antoinette à Marie-Thérèse, le 14 juin 1773
En mariant sa fille au dauphin de France, l’impératrice met indirectement un pied à la cour de Versailles. Elle va entretenir de 1770 à 1780, année de son décès, une correspondance croisée avec sa fille, l’abbé de Vermond – qui est désormais le lecteur de la dauphine après avoir été son précepteur –, et surtout, avec l’ambassadeur d’Autriche en France, Mercy-Argenteau. Elle est ainsi au courant des intrigues qui se trament, des événements importants et du comportement de sa fille. D’ailleurs, elle n’hésite pas à lui faire régulièrement des remontrances (sur son attitude avec la Du Barry, qui frôle l’incident diplomatique ; sur ses excès ; sur sa désobéissance et tant d’autres motifs). Pendant 10 ans, mère et fille échangent de nombreuses lettres, qui nous sont parvenues en grande partie. On en recense 95 de Marie-Antoinette à sa mère. La mort de Marie-Thérèse le 29 novembre 1780 l’attriste profondément. C’est pour elle « le plus affreux malheur. »
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L’autre Marie-Thérèse de Marie-Antoinette : sa belle-sœur, Marie-Thérèse de Savoie
Il y a une autre Marie-Thérèse dans l’entourage proche de Marie-Antoinette, à laquelle on pense moins : Marie-Thérèse de Savoie. En 1773, elle épouse le benjamin de la fratrie des Bourbons, le comte d’Artois. L’impératrice d’Autriche et sa fille ne voient pas cette union d’un bon œil, car le comte de Provence, le cadet, est déjà marié à une princesse de Savoie. Elles craignent que la présence d’un clan savoyard à Versailles n’isole Marie-Antoinette, et ne nuise aux intérêts de l’Autriche. Par son physique et son intellect, aucune inquiétude à avoir : elle n’est pas très gracieuse avec son « nez fort allongé et désagréablement terminé » (d’après Mercy) et surtout, à en croire Joseph II, elle est « imbécile ». En revanche, son union avec le comte d’Artois s’avère féconde, elle, à la différence de celle du couple royal. Aussi, l’arrivée d’héritiers potentiels de la couronne dès 1775 donne quelques sueurs froides au tandem mère-fille. La naissance de Madame Royale les rassure. Pas de stérilité en vue. Reste à avoir un garçon pour garantir la pérennité dynastique. Ce sera chose faite en 1781, mais l’impératrice s’éteint trop tôt pour le savoir.
En 1787, Marie-Antoinette décide que sa fille épousera le premier enfant des Artois, le duc d’Angoulême. On l’a vu plus haut, Marie-Thérèse Charlotte épousera effectivement son cousin, en 1799.
Quant à Marie-Thérèse de Savoie, la pauvre femme sera vite délaissée par son époux après leur émigration à Turin au début des événements révolutionnaires. Elle mourra en 1805 à Graz, dans la solitude et le dénuement.
Vous savez tout sur les Marie-Thérèse qui composent l’entourage de la reine de France.
✨ Lisez cet article si voulez connaître les autres membres de la famille de Marie-Antoinette.
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Stéphanie
Sources principales :
– Seth Catriona, Marie-Antoinette, Anthologie et dictionnaire, Paris : Robert Laffont, 878 p.
– Bertière Simone, Marie-Antoinette l’insoumise, Paris : Librairie générale française, 2003, 926 p.