Passion Marie-Antoinette

Les Favoris de Marie-Antoinette : Qui sont-ils ?

Lorsque Marie-Antoinette épouse Louis-Auguste de France, elle n’a que 14 ans. Un mariage politique qui a arraché la jeune princesse à sa famille, à son pays et à son enfance. Une nouvelle vie commence, dans un rôle qu’elle n’a pas choisi. La dauphine n’est pas préparée, et le manque d’intimité à la cour la met très mal à l’aise. Elle juge pesantes et absurdes les innombrables règles de l’étiquette. Sans en oublier son statut, l’adolescente, éprise de liberté, aspire aux amusements de la jeunesse, et aux amitiés simples et sincères. Lorsque Louis XVI lui offre le Petit Trianon, la résidence devient son refuge, loin des courtisans ennuyeux et affamés de privilèges. Mais n’y entre pas qui veut ! Dans le cercle intime de la reine, les affinités priment sur le rang. Face à un roi réservé et solitaire, la personnalité de cette souveraine charismatique détonne. Toute l’attention se tourne vers ses relations amicales, pour le meilleur… et pour le pire !

Mais qui sont donc les principaux favoris de Marie-Antoinette ? La faveur se conjugue-t-elle avec l’amitié bienveillante ? Bienvenue dans la société restreinte, ou cour parallèle, de la plus célèbre reine de France.

Note : cet article sur les favoris de Marie-Antoinette a été rédigé par Florence Mallet, rédactrice web SEO de talent. J’espère que vous prendrez autant de plaisir que moi à lire son article. 

Les favoris de Marie-Antoinette sont parfois… des favorites

De nos jours, on emploie souvent le mot « favori » au féminin pour désigner la maîtresse d’un roi. En voici l’unique sens dans l’édition de 1762 du dictionnaire de l’Académie française : « Celui ou celle qui tient le premier rang dans la faveur, dans les bonnes grâces d’un Roi, d’un grand Prince, d’une grande Reine, d’une grande Princesse. »

La princesse de Lamballe, une amitié à la vie à la mort

Compiègne, le 14 mai 1770. Marie-Antoinette, 14 ans et fraîchement arrivée d’Autriche, rencontre son futur époux pour la première fois. Parmi les convives, Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe, 20 ans. La dauphine est touchée par la situation, la douceur et la sensibilité de cette jeune veuve, blonde aux yeux bleu-gris. Les 2 princesses sont cousines. Elles ont en commun le déracinement, la jeunesse, et sans aucun doute une solitude vertigineuse. C’est le début d’une longue amitié, qui surgit comme une évidence. Une bénédiction pour la dauphine, à l’aube d’une nouvelle vie plutôt angoissante.

Portrait de la princesse de Lamballe, la première amie de Marie-Antoinette à Versailles.
Portrait de Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe, l’amie fidèle de Marie-Antoinette (par Anton Nickel, musée du Liechtenstein).

Les 2 jeunes femmes ne se quittent plus. Elles partagent d’interminables promenades dans le parc, des dîners en aparté et des sorties à Paris. La reine aspire à une vie privée, loin du protocole, et Marie-Thérèse est l’une des premières invitées VIP du Petit Trianon. Pour ne pas être séparée de sa confidente, Marie-Antoinette restaure la charge de surintendante de la maison de la reine, et la lui confie en 1775.

« Je rendrai mon amie intime heureuse et j’en jouirai encore plus qu’elle. » Marie-Antoinette, à propos de celle dont « l’amitié fait le charme de ma vie ».

Mais une concurrente est sur le point de détrôner la princesse dans le cœur de son amie : la fraîche et insolente duchesse de Polignac.

La jalousie de Marie-Thérèse est inévitable. Et pourtant… Toute sa vie, celle-ci fera preuve d’une loyauté sans faille envers la famille royale. Pendant la Révolution, cette alliée dévouée, à la santé fragile, révèle un courage insoupçonné et un sens du sacrifice indéniable. Jusqu’au-boutiste, elle remue ciel et terre pour sauver ses amis. Le 3 septembre 1792, face au tribunal populaire, elle refuse de jurer haine au roi, à la reine et à la royauté. Elle sera exécutée, et son corps profané, à l’aube de ses 43 ans.

La duchesse de Polignac, entre amitié fusionnelle et relation toxique

Marie-Antoinette maudit l’ennui et l’austérité. Elle a 19 ans lorsqu’elle rencontre celle qui deviendra sa meilleure amie, la duchesse Gabrielle de Polignac. Cette jeune femme de 25 ans, au visage angélique, est à la fois distante, drôle et vive d’esprit. Son mariage à un comte de province désargenté n’est pas une raison suffisante pour renoncer aux amants. Oisive et légère, ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est s’amuser ! Un atout parfait pour conquérir la nouvelle reine, dont le couple est un échec sur le plan personnel. La franchise et la liberté de cette mère de 2 enfants suscitent son admiration. C’est un véritable coup de foudre amical.

« Lorsque je suis avec elle, je ne suis plus la reine, je suis moi-même. » Marie-Antoinette, à propos de Gabrielle

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Contrairement à Mme de Lamballe, Mme de Polignac n’est pas une princesse. Son amitié n’est donc, en toute logique, pas aussi innocente et désintéressée. Par chance, les coups de cœur de sa protectrice sont plutôt lucratifs. Celle-ci fait rembourser les dettes du couple Polignac, et offre au comte Jules la charge de grand écuyer. Les voici désormais installés au château de Versailles. Un florilège de faveurs pleut sur toute leur famille, qui devient l’une des premières fortunes de la cour en quelques mois. En 1782, Gabrielle est nommée gouvernante des enfants de France.

Portrait de la duchesse de Polignac, l’amie intime de Marie-Antoinette
Yolande-Gabrielle-Martine de Polastron, duchesse de Polignac, et meilleure amie de Marie-Antoinette (par Louise-Élisabeth Vigée Le Brun, 1782).

Les amis de la duchesse profitent allègrement de son ascendant sur la souveraine. Un brin manipulatrice, Gabrielle est, à son tour, la marionnette du comte de Vaudreuil, son amant, et du baron de Besenval. Elle réussit à obtenir pour d’autres de nombreuses nominations stratégiques à des postes clés. Ce petit manège dure un temps certain, mais Marie-Antoinette n’est pas dupe. Et elle ne supporte plus la proximité de sa favorite avec le grossier comte de Vaudreuil. La reine désapprouve leurs agissements et leur soutien au ministre Calonne. La voici qui s’éloigne. C’est un homme qui a désormais sa préférence : le mystérieux Hans Axel von Fersen…

Les plus belles amitiés masculines de la société de la reine

Le comte de Fersen, le véritable prince charmant de la souveraine

C’est sans doute le favori le plus connu de Marie-Antoinette, et celui qui fait toujours couler le plus d’encre…

Le comte Hans Axel von Fersen est né en 1755 (comme la reine !) dans l’une des familles les plus riches et puissantes de Suède. Grand et élancé, célèbre pour sa beauté, il a 18 ans lorsqu’il arrive à Paris. C’est au bal de l’Opéra, le 30 janvier 1774, que la dauphine, masquée, le remarque et l’aborde. Le naturel et la simplicité du jeune homme la surprennent et l’enchantent. Axel ne sait pas encore à qui il s’adresse… Il le découvre lorsque la charmante inconnue regagne la tribune royale. Leur deuxième rencontre significative n’aura lieu que bien plus tard, en 1778. Le beau Suédois, charmeur, discret et mélancolique, pénètre sur la pointe des pieds dans le cercle intime de Marie-Antoinette, mais aussi dans son cœur et ses pensées.

Portrait du comte suédois Axel de Fersen, célèbre pour sa liaison amoureuse avec la reine Marie-Antoinette
Hans Axel Von Fersen, comte suédois, et ami intime de la reine de France Marie-Antoinette (par Pierre Dreuillon de Verneville, 1793). ©Photo Jens Mohr, musée d’Östergötlands, Suède.

Axel ne semble pas courir après les faveurs, mais ne rechigne pas à les recevoir. Sa royale amie le soutient dans sa carrière militaire. Plus le temps passe, et plus cela saute aux yeux : la souveraine est amoureuse. En 1780, alors qu’Axel s’apprête à partir pour l’Amérique, on la croise en pleurs. Mais la flamme brille-t-elle aussi fort chez son prince charmant, aux innombrables maîtresses ? Peut-être pas, ou du moins pas encore. Quoi qu’il en soit, les rumeurs fusent comme des étincelles, et partir permet à cet ambitieux prudent de les faire taire. Ce n’est qu’à son retour en France, en 1783, que son inclination pour sa dulcinée semble se confirmer. En attestent ces mots à sa sœur Sophie :

« Puisque je ne peux être avec la seule femme à qui je voudrais appartenir, la seule qui m’aime vraiment, je ne veux jamais me marier. »

Lorsque la distance les sépare, Marie-Antoinette et son amant échangent des lettres de plus en plus intimes, et même sans équivoque. Les années défilent et leur liaison perdure. Des ragots obscènes ont toujours prêté à la reine, à tort, des relations charnelles avec tous ses favoris. Mais son éducation religieuse stricte lui a transmis le sens du devoir. Même si le doute est permis avec Axel de Fersen, rien ne prouve que leur amour ne soit pas resté platonique.

Alors que la Révolution gronde, le protégé devient protecteur, et offre une épaule solide à la famille royale. Il joue un rôle déterminant dans son évasion, et vit l’arrestation à Varennes comme un échec personnel.

Après la mort de sa bien aimée, il écrit : « Celle qui faisait mon bonheur, celle pour laquelle je vivais n’est plus. » Lui aussi sera tué de façon tragique, emportant pour toujours les mystères d’une histoire d’amour digne d’un conte de fées.

Le comte d’Esterhazy, celui qui a connu Schönbrunn

Valentin Esterhazy est le favori que Marie-Antoinette rencontre en premier. Officier hongrois en exil et colonel d’un régiment de hussards sous Louis XV, il est envoyé à la cour de Vienne en 1770. Sa mission ? Y apporter le portrait du dauphin, après la négociation du mariage qui réconciliera la France et l’Autriche. Valentin a 29 ans, soit 15 de plus que celle qui n’est encore qu’archiduchesse d’Autriche. Il est l’un des seuls courtisans à avoir approché Marie-Antoinette enfant à Schönbrunn, ce qui tisse entre eux une connexion toute particulière…

Cet homme courageux, attentif et protecteur, est le seul proche de la reine avec lequel la relation est constante et sans nuages. Sans intrigue ni fausseté, sa présence est douce et rassurante. Louis XVI l’apprécie et Marie-Antoinette le défend inlassablement contre ses rivaux. Le comte participe à la vie quotidienne du couple, et partage avec son amie un goût prononcé pour les jeux d’argent et la comédie. En 1779, Valentin fait partie des 4 chevaliers servants isolés avec la souveraine pendant sa rougeole. En 1782, celle-ci lui offre un chien, nommé Marcassin, symbole de son affection, et souvent mentionné dans leur correspondance.

Le comte Valentin Esterhazy, confident de la reine Marie-Antoinette (lithographie de Léon Noël, XIXe siècle).

Le comte d’Esterhazy ne cherche pas à s’immiscer dans les affaires publiques. Il ne demande rien pour ses proches. Les années passent et Marie-Antoinette continue de réclamer la présence de celui qu’elle appelle « mon frère ». Celui-ci cède à ses caprices et reçoit ses confidences les plus intimes. Valentin se lie d’amitié avec Axel de Fersen, et devient le témoin privilégié et messager de l’amour interdit de la reine de France…

« Ma chère Fanny, tous mes projets sont renversés. La reine me veut demain à déjeuner à Saint-Cloud et de là dîner à Trianon. » Le comte d’Esterhazy dans une lettre à sa femme, qui n’a d’autre choix que d’accepter l’amitié de son mari (1785).

Pendant la Révolution, le militaire apporte à la famille royale un soutien indéfectible. Exilé sur ordre de son amie, il lui écrira jusqu’au bout.

Avec Mme de Lamballe, et bien sûr Axel de Fersen, le comte d’Esterhazy fait partie de ces amis précieux, à la fois sincères et fidèles. Mais le statut de reine n’attire pas toujours des personnalités aussi bienveillantes…

Le baron de Besenval et le comte de Vaudreuil, les hommes d’intrigues de la coterie

Le baron de Besenval, un amuseur ambitieux

Né en Suisse en 1721, le baron Pierre-Victor de Besenval est fils d’un ambassadeur de Louis XIV et d’une cousine de la future reine Marie Leszczynska. Favori le plus âgé de Marie-Antoinette, ce militaire courageux a 53 ans lorsqu’elle monte sur le trône. C’est le comte d’Artois, son supérieur et frère du roi, qui fait les présentations. Pierre-Victor est un proche des Polignac, mais la dauphine n’est pas encore tombée sous le charme magnétique de Gabrielle.

Le baron est un homme léger, optimiste et bon vivant. Amateur de théâtre, de plaisirs et d’élégance, il initie Marie-Antoinette aux jeux de hasard. Ce courtisan fidèle à ses engagements, mais très ambitieux, raffole de commérages et d’intrigues. Son âge est un excellent prétexte pour s’auto-proclamer conseiller référent de la nouvelle reine. En exerçant sur elle son pouvoir de persuasion, il manipule… le roi, et peut se targuer d’avoir motivé des décisions politiques importantes. En général, Louis XVI apprécie son jugement. Et lorsque sa femme n’écoute pas Pierre-Victor, celui-ci s’éloigne… et la voilà qui cède.

Portrait de Pierre-Victor de Besenval, membre du cercle intime de Marie-Antoinette.
Le Baron de Besenval dans son salon de compagnie, favori de la société de la reine Marie-Antoinette (par Pierre-Henri Danloux, 1791, National Gallery, Londres).

Mais les pressions constantes du « Vieux Céladon », de mèche avec les Polignac et le comte de Vaudreuil, contribuent à une véritable valse des ministères. Des disputes éclatent au sein du couple royal. La souveraine rend Pierre-Victor responsable de ses déboires familiaux. Sans compter que l’attitude déplacée du baron ne s’illustre pas seulement en politique… À l’automne 1775, il ose déclarer sa flamme à Marie-Antoinette. Raison de plus pour celle-ci de prendre ses distances ! Le favori déchu réintégrera plus tard la société, mais en s’en tenant strictement à son rôle d’amuseur. La reine n’aura donc pas été trop rancunière.

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Le comte de Vaudreuil, un manipulateur charismatique

Joseph-Hyacinthe, comte de Vaudreuil, est né en 1740 dans la colonie française de Saint-Domingue. Issu d’une famille de grands officiers et navigateurs de la marine royale, il mène un grand train de vie grâce aux revenus des plantations.

Ami des Polignac, ce séducteur au physique avantageux est aussi amant de Gabrielle. Son seul objectif : se faire connaître à Versailles. Lorsque Diane, sœur de Jules de Polignac, se rapproche de la famille royale, elle présente le comte de Vaudreuil au comte d’Artois, frère cadet du roi. C’est le coup de foudre amical ! Or, le beau-frère de Marie-Antoinette est aussi son meilleur ami. Et Gabrielle deviendra sa favorite, ce qui renforcera la faveur de Joseph. Bref, vous l’aurez compris, celui qu’on appelle l’Enchanteur, entre en scène par relation.

Portrait du comte de Vaudreuil, membre de la coterie de la reine de France Marie-Antoinette.
Portrait de Joseph Hyacinthe François de Paule de Rigaud, Comte de Vaudreuil, redoutable stratège de la coterie de Marie-Antoinette (par Élisabeth Vigée Le Brun, 1784, musée des Beaux-Arts de Virginie).

Le comte de Vaudreuil est élégant, drôle et cultivé. Lui aussi aime la fête, le théâtre et les femmes. Grand organisateur de jeux à Trianon, il chante des vers improvisés à Marie-Antoinette, séduite par son érudition. Mécène éclairé, il l’influence en matière d’art, et monte un grand nombre de pièces de théâtre, dont quelques-unes dans lesquelles elle tiendra un rôle.

Mais ce courtisan indolent et frivole est aussi caractériel, égoïste et narcissique. La souveraine doit supporter sa familiarité et ses accès de colère. Selon Emmanuel de Valicourt, auteur du livre Les favoris de la reine, c’est « le plus calculateur et intéressé » des membres de sa coterie. Homme d’intrigue, il aime faire et défaire les carrières. L’Enchanteur exerce une grande influence, pour ne pas dire autorité, sur la duchesse de Polignac, afin d’obtenir de Marie-Antoinette des faveurs et des nominations. Le baron de Besenval utilise les talents de stratège de son ami à ses propres fins. Joseph est indirectement responsable de scandales. Le couple royal finit par ne plus le supporter et s’en détourne.

Le comte d’Artois, le meilleur ami de la dauphine Marie-Antoinette

Charles-Philippe est né en 1757, soit 2 ans environ après sa belle-sœur. C’est le benjamin des frères de Louis XVI. Lorsque la dauphine arrive à la cour, leur relation n’est pas au beau fixe. Mais cette mésentente ne dure pas. Marie-Antoinette a tout pour plaire à Charles-Philippe : elle est jeune, charmante, et friande de divertissements en tous genres. Lui est séduisant, facétieux et déluré, mais aussi excessif et très dépensier. Il est nommé à 15 ans par son grand-père Louis XV, colonel général des Cent-Suisses et Grisons. Mais son entourage le dissuade de poursuivre sa carrière militaire.

Désormais condamné à la frivolité, le frère du roi occupe tout le premier étage de l’aile gauche du château de Versailles, où il donne de somptueux soupers. Il emmène sa meilleure amie à l’Opéra ou aux courses en « diable », un cabriolet léger, qui ne passe pas inaperçu. Les 2 jeunes gens partagent d’innombrables dîners, parties de colin-maillard, rires et fantaisies. Ils se déguisent pour se fondre dans les foules, et se lancent des défis, comme le fameux pari de 1777 : « Galaor » assure à sa belle-sœur qu’à son retour de Fontainebleau, 3 mois plus tard, il donnera une fête en son honneur dans un château… pas encore construit ! Plus de 800 ouvriers travaillent jour et nuit pour édifier la Folie d’Artois, Bagatelle. Cette élégante résidence, au nom évocateur, aura coûté une somme colossale. Marie-Antoinette est émerveillée.

Portrait du comte d’Artois, frère de Louis XVI et meilleur ami de la dauphine Marie-Antoinette à Versailles
Portrait du comte d’Artois, futur Charles X, beau-frère et meilleur ami de Marie-Antoinette (par Louis-Michel Van Loo, 1773)

La réputation sulfureuse de ce complice fantasque déteint à maintes reprises sur celle de sa meilleure amie. On les accuse d’orgies, et de piller le trésor public. Ces clichés viraux sur Marie-Antoinette se sont répandus comme une traînée de poudre à travers le monde et les siècles. Si « Madame Déficit » était certes très dépensière, elle n’a pas vidé les caisses du royaume. Le ministre Calonne avouera plus tard que le train de vie du frère du roi était supérieur à celui de sa belle-sœur.

Marie-Thérèse d’Autriche suit de très près la vie trépidante de sa fille grâce à son ambassadeur, le comte de Mercy-Argenteau. Au fil des années et des remontrances, Marie-Antoinette s’assagit. Elle reste à l’écart de ce beau-frère insolent qui se moque du roi, des lois et des règlements.

« La fantaisie décidait d’une grande partie de ses démarches. »

Cette phrase, du baron de Besenval à propos de Marie-Antoinette, pourrait en partie s’appliquer au choix de ses favoris. Au milieu d’une cour où tout est cadré, contrôlé et calculé, la reine déstabilise et fascine par sa spontanéité. Mais derrière cette apparente légèreté, se cache sans aucun doute le besoin d’une adolescente déracinée de combler un vide affectif. Elle entretient des amitiés féminines fusionnelles, et s’étourdit de frivolités avec des hommes séduisants et protecteurs. Moderne, Marie-Antoinette se revendique femme avant d’être reine. Mais, sans cesse, sa fonction la rattrape. Elle doit incarner la France, et un idéal. Comme toute célébrité, elle est épiée et déchaîne les passions. Chacun de ses faits et gestes est rapporté et commenté. Les fake news circulent et les pamphlétistes s’en donnent à cœur joie. La reine n’échappe ni aux qu’en dira-t-on, ni au haters, ni bien sûr, aux amis trop intéressés pour en avoir le titre.

Dans la dernière lettre de Marie-Antoinette, adressée à Mme Élisabeth, on peut lire : « J’avais des amis. L’idée d’en être séparée à jamais et leur peine, sont l’un des plus regrets que j’emporte en mourant. Qu’ils sachent au moins que jusqu’au dernier moment, j’ai pensé à eux. » La reine savait alors que quelques heures plus tard, elle serait décapitée…

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Florence MALLET, pour Passion Marie-Antoinette

Sources :

Les favoris de la reine, d’Emmanuel de Valicourt

Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, par Madame Campan

La correspondance de Marie-Antoinette aux rayons X

Lettres du Cte Valentin Esterhazy à sa femme, 1784-1792

Le comte d’Artois, Charles X. Le prince, l’émigré, le roi

Emmanuel de Valicourt, professeur de droit et auteur aux éditions Tallandier

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Une réponse

  1. D’après la dernière biographie de Charles-Éloi Vial, les relations entre la reine et Mme de Polignac et son clan se refroidirent vers la fin des années 1780, en raison de la cupidité de l’entourage de la duchesse et le peu d’assiduité de cette dernière dans sa charge de gouvernante des Enfants de France, même si Marie-Antoinette continua tout de même de les fréquenter, par habitude ( et c’était une femme d’habitude ) et aussi en raison de l’isolation dans laquelle la plaçait par essence sa fonction. Cet à partir de ce moment là que sa relation avec le comte de Fersen s’épanouit, ce dernier l’ayant peut-être aidé à prendre ses distances avec ce clan.

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Bonne lecture !

Qui suis-je ?

Je suis Stéphanie Soulier. J’ai craqué pour Marie-Antoinette après avoir vu un docufiction sur Arte. Depuis… j’ai décidé de lui consacrer un blog. En savoir plus sur ma démarche.

Stéphanie Soulier du site Passion Marie-Antoinette

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