Qui sont les proches de Marie-Antoinette ? Vous connaissez sans doute son époux, Louis XVI. Mais ses enfants ? Ses parents ? Ses frères et sœurs ? Qui sont-ils ? Découvrez-le dans cet article rédigé à la façon d’un célèbre jeu de cartes. Dans la famille de Marie-Antoinette, je voudrais… C’est parti !
Dans la famille de Marie-Antoinette, je voudrais… le mari
L’époux de Marie-Antoinette est bien sûr le roi Louis XVI. Le mariage est célébré alors qu’ils ne sont encore que dauphin et dauphine de France, le 16 mai 1770. Il a 15 ans, elle 14. L’union a été arrangée de longue date entre la France et l’Autriche, et l’histoire d’amour n’a rien d’un conte de fées. À l’arrivée de l’archiduchesse à Versailles, la réalité est brutale : ils s’opposent en (presque) tout. S’il est calme, maladroit, cultivé et introverti ; elle, manque d’instruction, est vive, têtue, et espiègle. C’est ainsi que la jeune femme n’hésite pas, un soir, à avancer la pendule de quelques minutes pour envoyer se coucher son époux, pour mieux partir en soirée. Elle n’apprécie pas son attrait pour les travaux manuels, qu’elle juge peu compatibles avec son rang, et a honte de cet époux qui « a toujours l’air d’un paysan ». Bref, ils sont mal assortis et le charme n’opère pas. C’est au lit que cette incompatibilité se manifeste le plus. Il leur faudra 7 ans (oui, 7 ans !) pour consommer leur union. On est en 1777. Les raisons de cet échec nuptial ? Elles sont nombreuses et complexes, car le comportement de 2 adolescents à l’égard des choses de l’amour n’est pas le même que celui de 2 adultes, qu’ils deviennent rapidement. Terreur, maladresses mutuelles, dégoût, douleurs, manque d’envie et peur d’avoir des enfants sont les explications principales. En tout cas, contrairement à un cliché sur Marie-Antoinette et Louis XVI, le roi n’est pas impuissant et n’a pas non plus de phimosis. Tout va très bien pour lui, merci ! Il n’est sans doute pas très porté sur le sexe et a un profond respect pour sa femme.
Le premier enfant du couple naît en 1778. 3 autres suivront. C’est à travers leur parentalité que les époux vont finir par s’apprivoiser. Ce sont des parents attentionnés, qui aiment sincèrement passer du temps avec leur progéniture. Leur rapprochement s’accentue lors de la Révolution française, surtout au moment de l’emprisonnement au Temple (à partir du 13 août 1792). Marie-Antoinette est rongée par l’angoisse ; le calme désarmant de Louis XVI la rassure. Durant quelques mois, jusqu’à ce que le roi soit séparé de sa famille à l’approche de son procès (décembre 1792), ils mènent une vie de famille bourgeoise, centrée autour de l’éducation de leurs enfants.
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Dans la famille de Marie-Antoinette, je voudrais… les enfants
Marie-Thérèse Charlotte (ou Madame Royale)
Après un accouchement difficile et éprouvant pour la reine, le premier enfant du couple naît le 19 décembre 1778. Ce n’est pas le dauphin tant attendu, mais une fille ! Qu’importe, les jeunes parents sont aux anges et Marie-Antoinette ne cache pas sa joie.
« Vous serez à moi ; vous aurez tous mes soins ; vous partagerez mon bonheur et adoucirez mes peines. »
La petite princesse, appelée aussi Madame Royale, est ravissante. Comme sa mère, elle a un joli teint et de beaux yeux bleus. Ses cheveux blonds bouclés et son caractère bien trempé lui valent le surnom de Mousseline la sérieuse. Un brin hautaine, la fillette sait très tôt faire preuve d’une répartie… cinglante. La baronne d’Oberkirch en témoigne dans ses mémoires. Un jour qu’elle s’est autorisée à lui dire qu’elle la trouvait grandie et embellie, la petite fille alors âgée de 7 ans rétorque : « Je suis charmée, Madame la baronne, que vous me trouviez ainsi, mais je suis étonnée de vous l’entendre dire ».
Marie-Antoinette cherche à réprimer le caractère orgueilleux de Marie-Thérèse Charlotte, qui, finalement, ressemble beaucoup au sien lorsqu’elle était jeune. Elle rejette, par exemple, à terre, un éventail que l’enfant vient de demander à sa nourrice de lui tendre. « C’est à vous de le ramasser ». Ou encore, elle invite à sa table la fille d’une domestique dont elle prend soin et ordonne que cette dernière soit servie en premier… « Vous devez lui faire les honneurs ».
Marie-Thérèse Charlotte mène une enfance heureuse dans les dorures du château de Versailles. Quel contraste avec le sort qui l’attend ! Elle n’a que 10 ans lorsqu’elle et les siens sont conduits de force à Paris après les journées d’octobre 1789. En août 1792, direction le Temple, dont elle sera la seule survivante. Elle vit le traumatisme des adieux à son père la veille de son exécution en janvier 1793, puis, la même année, voit partir son frère (confié à un révolutionnaire), sa mère, et l’année suivante, sa tante. Elle n’apprendra leur triste destinée que bien plus tard, en août 1795, après avoir vécu au Temple plusieurs mois dans une solitude et un dénuement extrêmes. Elle quitte sa prison le 18 décembre 1795, pour rejoindre la patrie de naissance de sa mère. Elle a alors 17 ans.
Louis-Joseph Xavier
Le dauphin, l’héritier du trône, naît le 22 octobre 1781. Louis XVI est fou de joie : « Madame, vous avez comblé mes vœux et ceux de la France. » Très tôt, on s’aperçoit que la santé de l’enfant est fragile. En 1784, il cesse de grandir, se languit et a des accès de fièvre. Les médecins parlent d’« humeur scorbutique » pour expliquer son état. Il connaît ensuite 2 années d’embellie. Ses parents vont même jusqu’à faire procéder à son inoculation de la variole. Mais en 1786, sa santé se dégrade de nouveau. Après une phase de rémission, il rechute. Son corps est marqué par la maladie qui le ronge – une tuberculose osseuse. Son dos se courbe. On l’équipe d’un corset de fer. Bientôt, il ne peut plus marcher et se déplace en chaise roulante. Il s’éteint pendant les états généraux, le 4 juin 1789, laissant ses parents en plein désarroi, dans un contexte explosif.
Louis-Charles (ou Louis XVII)
Le 27 mars 1785, Marie-Antoinette met au monde son 3e enfant, un garçon ! Contrairement à son aîné, Louis-Charles est en parfaite santé. La reine est folle de son fils, qu’elle surnomme le Chou d’amour. Par chance, un portrait assez précis de son tempérament est parvenu jusqu’à nous grâce à une lettre de la reine adressée Mme de Tourzel à sa gouvernante. Extrait.
« Il est comme tous les enfants forts et bien portants, très étourdi, très léger et violent dans ses colères ; mais il est bon enfant, tendre et caressant même, quand son étourderie ne l’emporte pas. Il a un amour-propre démesuré qui en le conduisant bien, peut un jour tourner à son avantage. Jusqu’à ce qu’il soit bien à son aise avec quelqu’un, il sait prendre sur lui et même dévorer ses impatiences et colères pour paraître doux et aimable. Il est d’une grande fidélité quand il a promis une chose, mais il est très indiscret, il répète aisément ce qu’il a entendu dire, et souvent sans vouloir mentir, il y ajoute ce que son imagination lui a fait voir. C’est son plus grand défaut, et sur lequel il faut bien le corriger. »
Le garçonnet a seulement 4 ans et demi lorsque la famille est conduite aux Tuileries ; 7 ans et demi quand elle arrive au Temple. Si ses parents tentent de maintenir autour de lui un cadre rassurant, les atrocités de la réalité vont crescendo et font de sa courte existence un enfer. Comme sa sœur, il doit faire ses adieux à son père le soir du 20 janvier 1793. Le 3 juillet 1793, il est séparé de sa mère pour être confié à Simon, le sans-culotte chargé de lui donner une éducation républicaine. Quand celui-ci quitte ses fonctions en janvier 1794, il est laissé à l’abandon, seul dans sa chambre, dans un total dénuement. Le nettoyage n’est plus fait, aucun soin ne lui est prodigué désormais. La vermine et les rats ne tardent pas à s’inviter. Lorsqu’après la chute de Robespierre, les municipaux pénètrent dans la pièce, ils découvrent « le corps de l’enfant allongé sur le lit, couvert de crasse, de vermine, de plaies purulentes, de tumeurs, les membres démesurément allongés aux dépens du buste, les cuisses gonflées, les ongles des pieds et des mains excessivement longs et durs comme de la corne. […] ses cheveux […] sont collés dans les plaies du cou. » (Dominique Sabourdin-Perrin, Les oubliés du Temple). Le 8 juin 1795, le petit roi, âgé de seulement 10 ans, décède dans les bras de son gardien, Étienne Lasne (lisez mon article sur Michèle Lorin, et découvrez quelle étrange coïncidence unit Lasne et la célèbre collectionneuse de Marie-Antoinette).
Sophie Hélène Béatrice
Ce n’est pas de gaité de cœur que Marie-Antoinette apprend cette nouvelle grossesse (en fait, la 6e au moins puisqu’il est attesté qu’elle a fait 2 fausses-couches). Elle s’en plaint même à son frère l’empereur Joseph II qui témoigne, dans une lettre à l’ambassadeur d’Autriche en France, Mercy, qu’elle est « fâchée, croyant avoir assez d’enfants ». Elle donne naissance à une petite fille prénommée Sophie, le 9 juillet 1786. Celle-ci mourra 11 mois plus tard d’une grave infection pulmonaire.
La reine estime, dès lors, avoir fait le job et donné à la France suffisamment d’héritiers au trône. Elle délaisse les relations conjugales pour se consacrer pleinement à l’éducation de ses enfants, ce qui est tout à fait novateur à l’époque.
Vous le comprenez en lisant ces lignes, Marie-Antoinette n’a pas de descendance directe puisque la seule rescapée du Temple, Marie-Thérèse Charlotte, n’a jamais eu d’enfant avec son époux le duc d’Angoulême.
Dans la famille de Marie-Antoinette, je voudrais… les parents
Marie-Antoinette est la fille de Marie-Thérèse de Habsbourg et de François Ier de Lorraine. Très éprise de son mari, l’impératrice d’Autriche ne se remettra jamais vraiment du décès de celui-ci en 1765. Elle portera d’ailleurs ses habits de deuil toute sa vie. Marie-Antoinette n’a que 10 ans quand son père disparaît, et doit composer avec une mère n’ayant désormais qu’une idée en tête : placer ses enfants sur l’échiquier européen. Car si le territoire sur lequel s’étend le pouvoir de la maison autrichienne est vaste, il est aussi menacé, notamment par la Prusse, qui s’est rapprochée de l’Angleterre. Dès 1756 et contre toute attente, la France de Louis XV et l’Autriche de Marie-Thérèse, hier ennemies, concluent un accord, renforcé par un projet d’union dynastique entre les Habsbourg et les Bourbons. On connaît la suite, c’est la jeune archiduchesse Marie-Antoinette qui est choisie pour épouser le dauphin de France. La jeune fille quitte son pays natal le 21 avril 1770. Elle ne reverra jamais plus sa mère. Mais les relations ne sont pas rompues pour autant, bien au contraire ! Elles entretiennent une correspondance soutenue et abondante. La mère impose même à sa fille de lui écrire à date fixe.
« Tous les commencements de mois, j’expédierai d’ici à Paris un courrier : en attendant, vous pourrez préparer vos lettres pour les faire partir tout de suite à l’arrivée du courrier. »
Elle veut tout savoir sur sa fille (même la date de ses règles !). Pour être certaine que rien ne lui échappe, elle met en place une triple correspondance : avec Marie-Antoinette, et surtout avec l’ambassadeur Mercy et le précepteur de l’archiduchesse devenu son lecteur, l’abbé de Vermond. Ils livrent régulièrement leurs rapports sur les faits et gestes de la dauphine, puis de la reine. Dès que Marie-Antoinette s’écarte du droit chemin (et cela arrive souvent), la sentence ne tarde pas à arriver dans les missives de sa mère. Cette correspondance s’arrête brutalement en fin d’année 1780, avec le décès de l’impératrice. Elle disparaît sans savoir si sa fille est finalement parvenue à donner un héritier au trône de France.
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Dans la famille de Marie-Antoinette, je voudrais… les frères et sœurs
Marie-Thérèse et François Ier forment un couple prolifique puisqu’ils ont eu… 16 enfants : 11 filles et 5 garçons. Seuls 10 d’entre eux atteignent l’âge adulte : 3 meurent en bas-âge et 3 autres durant leur adolescence. Marie-Antoinette est l’avant-dernière de la fratrie :
- Elisabeth, 1737-1740.
- Marie-Anne, 1738-1789.
- Marie-Caroline, 1740-1741.
- Joseph, 1741-1790. Il succède à sa mère lorsqu’elle décède en 1780. Il rend visite 2 fois à sa sœur à Versailles, en 1777 et en 1781. La première fois, c’est notamment pour débloquer la situation conjugale des deux époux et… c’est une réussite.
- Marie-Christine, 1742 – 1798. Gouvernante des Pays-Bas. Marie-Antoinette ne l’apprécie guère.
- Marie-Elisabeth, 1743 – 1808. Elle est pressentie en 1768 pour épouser… Louis XV !
- Charles-Joseph, 1745 – 1761.
- Marie-Amélie, 1746 – 1804.
- Léopold, 1747 – 1792. Il succède à son frère Joseph à la tête de l’empire.
- Marie-Caroline, 1748 – 1748.
- Jeanne-Gabrielle, 1750 – 1762.
- Marie-Josepha, 1751 – 1767.
- Marie-Caroline, 1752 – 1830. Reine de Naples et de Sicile. C’est la sœur préférée de Marie-Antoinette.
- Ferdinand-Charles, 1754 – 1806.
- Marie-Antoinette, 1755 – 1793.
- Maximilien-Franz, 1756-1801.
Ainsi s’achève cet article consacré à l’entourage proche de la dernière reine de France. Vous voulez en savoir plus sur sa vie ? Lisez la biographie courte de Marie-Antoinette.
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Stéphanie
Sources :
– Bertière Simone, Marie-Antoinette l’insoumise, Paris : Librairie générale française, 2003, 926 p.
– Delalex Hélène, Marie-Antoinette, La légèreté et la constance, Paris : Perrin, 2021, 312 p.
– Sabourdin-Perrin Dominique, Les oubliés du Temple, Paris : Salvator, 2022, 526 p.