Où vivait Marie-Antoinette ? À cette question simple, vous répondriez sûrement : à Versailles ! Et vous auriez raison. Mais en réalité, la reine de France a résidé ou séjourné dans une multitude d’endroits. D’abord en Autriche puis en France. Je vous propose de passer en revue tous les lieux où a vécu Marie-Antoinette, de son enfance à Vienne au jour de son exécution à Paris, le 16 octobre 1793.
Vienne, l’endroit où a vécu Marie-Antoinette enfant
Est-il nécessaire de rappeler que Marie-Antoinette est une archiduchesse autrichienne issue de l’illustre lignée des Habsbourg (sa mère n’étant rien d’autre que la grande Marie-Thérèse) ? Elle grandit à Vienne, où elle passe une enfance libre et heureuse entre les 2 palais de la famille impériale : la Hofburg, la résidence officielle, et Schönbrunn, la résidence d’été. Après son départ pour la France en vue de son mariage avec le petit-fils de Louis XV en 1770, Marie-Antoinette ne revient jamais plus dans les lieux de sa jeunesse.


Le château de Versailles et le Petit Trianon, les principaux lieux de vie de Marie-Antoinette
Marie-Antoinette foule pour la première fois le marbre de la cour du château de Versailles le matin du 16 mai 1770, jour de son mariage avec Louis XVI. Elle occupe d’abord temporairement les locaux de la précédente dauphine, Marie-Josèphe de Saxe, situés au rez-de-chaussée. Plus tard, elle déménage au premier étage et prend possession de ses appartements, comprenant sa chambre d’apparat, une des salles maîtresses du château de Versailles. Derrière son lit se trouvent ses cabinets intérieurs, avec notamment la célèbre pièce dite « à la méridienne ». Ces espaces reculés deviennent le refuge de Marie-Antoinette, qui supporte mal la rigueur de l’étiquette française et la nécessité de la représentation permanente. Une fois reine, elle cherche d’ailleurs à alléger le cérémonial de cour et à s’octroyer des moments de liberté à l’abri des regards des courtisans. Tout au long de son règne, elle n’a de cesse de coloniser les espaces vides pour agrandir son lieu de vie : ceux du 2e étage d’abord, puis ceux de Madame Sophie, la fille de Louis XV, qui meurt en 1782, laissant vacantes de grandes pièces lumineuses au rez-de-chaussée, qui contrastent avec l’exiguïté et la pénombre de ses cabinets intérieurs.



>>> Je vous en dis plus sur la peinture Marie-Antoinette à la harpe de Gautier Dagoty dans mon article consacré aux tableaux de Marie-Antoinette.
Mais c’est au Petit Trianon de Versailles, offert par Louis XVI en 1774, que Marie-Antoinette trouve l’intimité qui lui fait défaut au château.
« Ici, je ne suis pas la reine, je suis moi. »
Elle s’y rend d’abord uniquement en journée. Puis, à la faveur d’une rougeole nécessitant un confinement, le roi l’autorise à y dormir. Elle y effectue alors régulièrement de « petits voyages » (comprendre : elle dort sur place). Marie-Antoinette règne en maîtresse sur sa maison de campagne et donne elle-même le tempo des journées. Les consignes y sont données « de par la reine ». C’est inédit, car jamais l’épouse d’un roi n’avait osé revendiquer la possession d’un bien en son nom propre ! Encore moins s’y comporter en monarque.


Les autres endroits où vivait Marie-Antoinette en France : les demeures satellites de Versailles
Entre son arrivée à la cour de France en 1770 et son départ définitif de Versailles le 6 octobre 1789, Marie-Antoinette séjourne dans d’autres résidences royales que Versailles, souvent au rythme des saisons de chasse. Passons-les en revue.
Le château de Compiègne
C’est dans la forêt environnant le château de Compiègne qu’elle rencontre pour la toute première fois son futur mari, le dauphin Louis-Auguste, qui deviendra 4 ans plus tard Louis XVI. Si le château de Compiègne n’accueille pas la famille royale ce soir-là, il l’hébergera plusieurs fois tout au long du règne : c’est le séjour d’été traditionnel de la cour. Marie-Antoinette y dispose d’appartements d’un grand raffinement, qui seront ensuite occupés par le roi de Rome, le fils de Napoléon.

Le château de la Muette
Le soir de sa toute première rencontre avec le futur Louis XVI, Marie-Antoinette passe la nuit dans un autre palais de la couronne, le château de la Muette. Par la suite, la reine prend grand plaisir à retourner régulièrement dans ce domaine, situé dans l’actuel XVIe arrondissement de Paris (à noter que le château de la Muette de la rue André-Pascal, qui abrite le siège de l’OCDE, est une construction du XXe siècle).

Le château de Meudon
Autre fief royal que fréquente Marie-Antoinette : le château de Meudon, situé à quelques encablures de Versailles. Il y a en réalité 2 châteaux à Meudon, le « vieux » et le « neuf ». Aujourd’hui ne subsiste que les restes du second, sur lesquels a été élevé un observatoire à la fin du XIXe siècle.
Par un édit de mai 1778, Louis XVI réunit le domaine de Meudon à celui de Versailles pour faciliter l’organisation de ses chasses. L’air de Meudon étant réputé meilleur que celui de Versailles, on y installe en début d’année 1788 le dauphin Louis-Joseph, rongé par une tuberculose osseuse.
« Le roi [Louis XVI] a été très faible et maladif dans son enfance, l’air de Meudon lui a été très salutaire. Nous allons y établir mon fils. », Marie-Antoinette à son frère Joseph II le 22 février 1788.
Malheureusement, le jeune dauphin ne survit pas à la maladie et s’éteint à Meudon le 4 juin 1789 à l’âge de 7 ans.


Le château de Marly
Le château de Marly fait également partie des lieux de villégiature réguliers de Marie-Antoinette et de Louis XVI durant tout le règne. Si Marly était un haut lieu de plaisirs sous Louis XIV, Marie-Antoinette, elle, s’y ennuie souvent. C’est là, cependant, qu’avec le roi, elle se retire quelques jours après le 4 juin 1789 pour pleurer la mort de son fils Louis-Joseph.

Le château de Fontainebleau
À l’automne, la cour séjourne traditionnellement au château de Fontainebleau pour chasser dans la forêt giboyeuse environnante. Petite particularité, Marie-Antoinette s’y rend parfois en yacht depuis le château de Choisy-le-Roi, autre demeure royale. La cour cesse d’établir sa résidence d’automne à Fontainebleau à partir de 1787, par souci d’économies.



Le château de Rambouillet
Poursuivons cet inventaire des lieux où a vécu Marie-Antoinette du temps de la magnificence par le château de Rambouillet. Le roi acquiert le domaine en octobre 1783. Il adore cette bâtisse médiévale entourée de forêts dans lesquelles il chasse depuis des années, mais Marie-Antoinette l’a en horreur. Alors il fait tout pour la faire venir, jusqu’à faire construire une magnifique laiterie au style très minéral… que la reine boudera. En tout et pour tout, elle ne viendra que 5 fois à Rambouillet !


Le château de Saint-Cloud
Si Louis XVI craque pour le château de Rambouillet, à peu près à la même époque, Marie-Antoinette convoite, elle, celui de Saint-Cloud. La négociation pour l’acquisition du domaine, propriété du duc d’Orléans, est ardue. La reine fait même intervenir son ennemie d’hier, Jeanne du Barry. La vente est finalement actée fin 1784. Ce château fait la joie de Marie-Antoinette, mais cette fois-ci, c’est Louis XVI qui fait la moue. Il n’aime pas ce domaine, où la famille royale n’effectuera finalement que 3 séjours.


Le palais des Tuileries
Terminons par quelques mots sur le palais des Tuileries. Au milieu des années 1780, il devient le pied-à-terre de Marie-Antoinette quand elle sort à Paris. Elle s’y fait, en effet, aménager un appartement au rez-de-chaussée en 1784, dans lequel elle a l’occasion de dormir quelques (rares) fois après une sortie à l’opéra ou au théâtre. Mais en 1789, le palais devient surtout le lieu de résidence (surveillée) de la famille royale.
Les lieux où a vécu Marie-Antoinette pendant la Révolution française
Le palais des Tuileries
Lorsque la marche des femmes sur Versailles, le 5 octobre 1789, aboutit au départ de la cour pour Paris le lendemain, c’est naturellement au palais des Tuileries, ancienne demeure des rois de France aujourd’hui disparue, que la famille royale s’installe. Elle y restera quasiment 3 ans, jusqu’à la prise du palais par les révolutionnaires le 10 août 1792.

Le couvent des Feuillants et la tour du Temple
Pour échapper au peuple en furie qui envahit le palais le 10 août 1792, Marie-Antoinette et les siens trouvent refuge dans la salle du Manège située dans le jardin des Tuileries, où siège alors l’Assemblée législative. En attendant d’être fixés sur leur sort, ils sont hébergés au couvent des Feuillants pendant 3 nuits. Les députés se mettent d’accord sur le lieu de détention de ceux qui sont désormais captifs de la Nation : ils seront emprisonnés à la tour du Temple, dans laquelle ils pénètrent pour la première fois le soir du 13 août 1792. Louis XVI y restera jusqu’au jour de son exécution, le 21 janvier 1793 ; Marie-Antoinette jusqu’au 2 août 1793, date de son transfert à la Conciergerie.


La Conciergerie
La Conciergerie est la toute dernière demeure de Marie-Antoinette. Elle y restera très précisément 76 jours. Son procès s’ouvre le 14 octobre 1793 et se termine 2 jours plus tard, au petit matin. La reine apprend vers 4 h qu’elle sera exécutée le jour-même. Elle a le temps d’écrire une magnifique lettre d’adieu à Madame Élisabeth, sa belle-sœur, et de se reposer un peu avant que l’implacable cérémonial mortuaire ne se mette en marche. Elle quitte la Conciergerie vers 10 h et est conduite, en charrette, sur la place la Révolution (actuelle place de la Concorde). À midi et quart, elle est guillotinée et le bourreau Sanson brandit sa tête au peuple, qui exulte.


Vous savez maintenant où a vécu Marie-Antoinette durant les 37 années de sa courte vie. Vous aimeriez en apprendre davantage sur elle : ses amitiés, ses amours, ses péchés mignons, sa personnalité ? Alors je vous conseille la lecture de mon livre de 50 questions-réponses, Marie-Antoinette. L’essentiel. Vous saurez tout, mais sans avoir à lire une biographie.
À bientôt pour un nouvel article !
Stéphanie