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Tableau de Marie-Antoinette : 7 toiles qui ont marqué l’histoire

Marie-Antoinette a été portraiturée de nombreuses fois et les représentations d’elles en peinture ne manquent pas. Je vous propose aujourd’hui de nous attarder sur 7 toiles réalisées de son vivant qui sont entrées dans l’histoire. Beaucoup de ces chefs-d’œuvre sont signés Élisabeth Vigée Lebrun, la peintre préférée de la reine de France qui avait l’art et la manière de flatter son modèle. D’ailleurs, on commence tout de suite par le tableau de Marie-Antoinette le plus connu, celui dit « à la rose ».

1. Marie-Antoinette à la rose : le tableau de Marie-Antoinette célèbre entre tous

Marie-Antoinette à la rose par Élisabeth Vigée Le Brun.
Marie-Antoinette à la rose, le tableau de Marie-Antoinette le plus connu. Élisabeth Vigée-Lebrun, 1783.

Vous n’avez pas pu passer à côté de ce portrait de Marie-Antoinette, c’est le plus célèbre ; celui qui illustre nombre de livres (je n’ai d’ailleurs pas fait exception avec le mien, Marie-Antoinette. L’essentiel 😉), objets de décoration ou de papèterie. Ce chef-d’œuvre passé à la postérité est signé Élisabeth Vigée Lebrun. La reine y est représentée de trois quarts, dans un jardin, sans doute celui de son domaine du Petit Trianon. Tenant une rose dans sa main gauche, elle est parée d’une somptueuse tenue en soie couleur « suie des cheminées de Londres » (un bleu-gris, donc, qui rappelle la couleur de ses yeux), agrémentée de délicats ornements de dentelle. Autour du cou et de ses poignets, des rangées de perles évoquent son statut. Un bonnet de gaze, rehaussé de plumes, complète la parure. L’arrière-plan sombre fait ressortir la blancheur de la peau de Marie-Antoinette et surtout, l’éclat de son teint.

👀 Le tableau Marie-Antoinette à la rose est visible au château de Versailles (antichambre du Petit Trianon)

Connaissez-vous le parfum de scandale lié à ce tableau – ou plutôt à sa version initiale ? Je vous l’explique dans le paragraphe suivant !

2. Marie-Antoinette en robe chemise, le portrait scandaleux

Marie-Antoinette en robe de gaulle par Élisabeth Vigée-Lebrun en 1783
Marie-Antoinette en robe de gaulle par Élisabeth Vigée Lebrun, 1783

Présenté au salon de l’Académie royale de peinture et de sculpture de 1783, ce tableau représente la reine en train de composer un bouquet de roses, dans une tenue simple et légère : une robe de mousseline blanche – dite en gaulle – nouée à la taille par un morceau de gaze doré.

Cette tenue, audacieuse voire choquante pour une reine de France, provoque un tollé lors de l’exposition du portrait. Pas de corset, pas de panier sur les hanches, pas de bijoux, un simple chapeau de paille ; en bref, une tenue d’intérieur. Cet habit trop simple (pourtant dans l’air du temps) ne passe pas du tout !

« Les méchants ne manquèrent pas de dire que la reine s’était fait peindre en chemise », précise Elisabeth Vigée Lebrun dans ses Souvenirs.

Sous le tableau, une inscription ne tarde pas à apparaître : « La France sous les traits de l’Autriche, réduite à se couvrir d’une panne. » On accuse même la reine de vouloir la ruine des manufactures de soie lyonnaises. Un comble quand on sait qu’à cette époque, la reine est déjà décriée pour ses dépenses. La peintre est priée de reprendre sa toile et de livrer une version plus conforme au statut de son modèle. La suite, vous le devinez, c’est le tableau le plus célèbre de la reine, Marie-Antoinette à la rose, qui reprend la même pose, mais pas la même tenue !

👀 L’original de ce portrait de Marie-Antoinette a disparu, mais plusieurs copies ont été réalisées par la peintre, qui sont donc parvenues jusqu’à nous. Une des versions du tableau Marie-Antoinette en gaulle est conservée au château de Wolfsgarten en Allemagne. Une autre est visible à Washington, à la Galerie nationale d’art. À noter qu’aucune version n’est conservée dans les musées français (malheureusement).

3. Marie-Antoinette en grand habit de cour par Gautier-Dagoty

Marie-Antoinette en grand habit de cour par Gautier Dagoty, 1775
Portrait de Marie-Antoinette en grand habit de cour par Gautier-Dagoty, 1775.

Peint à la demande de Marie-Antoinette pour être offert à sa mère Marie-Thérèse d’Autriche, ce tableau la représentant en grand habit de cour fut exposé au public le 27 juillet 1775, dans la galerie des Glaces du château de Versailles.

C’est le tout premier portrait de Marie-Antoinette en souveraine (elle est devenue reine un an auparavant, le 10 mai 1774, à la mort de Louis XV) : on retrouve donc sur cette peinture les attributs de la royauté, notamment la couronne de France posée sur le coussin et le manteau d’hermine fleurdelysé. À l’arrière-plan, Minerve tient dans ses mains le buste de Louis XVI.

En novembre 1774, Marie-Antoinette se plaignait à sa mère Marie-Thérèse d’Autriche de ne pas trouver de peintre qui arrive à « attraper sa ressemblance ».

« Les peintres me tuent et me désespèrent » lui écrit-elle le 16 novembre 1774

Ce n’est pas avec ce tableau qu’elle fut satisfaite. Jugé peu ressemblant, il lui déplut fortement, si bien qu’elle l’offrit à Starhemberg, le diplomate qui l’escorta, dauphine, de Vienne à Versailles. Ce portrait en pied ne fit pas non plus l’unanimité dans le public. Outre la dissemblance, on reprocha l’attitude de la reine, la main posée sur le globe comme si elle entendait s’imposer en maîtresse du monde…

👀 Le tableau Marie-Antoinette en grand habit de cour par Gautier-Dagoty est visible au château de Versailles, dans le grand cabinet du capitaine des gardes.

4. Marie-Antoinette en grand habit de cour par Vigée Lebrun

Marie-Antoinette en grand habit de cour par Élisabeth Vigée Lebrun
Marie-Antoinette en grand habit de cour par Vigée Lebrun, 1778.

Ce portrait monumental en grand habit de cour signé Élisabeth Vigée Lebrun est le tout premier à avoir plu à Marie-Antoinette. Il aura fallu attendre pour cela 1778, soit 8 années après son arrivée à la cour de Versailles ! Comme sur le portrait de Gautier-Dagoty juste au-dessus, on retrouve les attributs de la royauté (couronne, manteau fleurdelysé). Mais ils sont éclipsés par la majesté du modèle, représentée en robe de satin blanc et passementerie dorée. Sa peau, blanche et irisée, et son port altier frappent l’observateur. Dans sa main, la reine tient déjà une rose comme sur le portrait d’elle le plus célèbre.

Ce tableau est une commande de Marie-Antoinette pour sa mère, Marie-Thérèse, qui fut enchantée du cadeau, bien que la toile ait souffert du long voyage et nécessita une restauration :

« Votre grand portrait fait mes délices ! » écrit-elle à sa fille le 1er avril 1779

Plusieurs répliques sont ensuite commandées par la reine. Une pour ses appartements, une autre pour l’impératrice de Russie, notamment. Au total, on en dénombrerait 6.

À noter que sur l’original et certaines copies, la tenue de la reine est agrémentée d’une modestie, destinée à cacher la naissance de ses seins.

La modestie cachant la naissance des seins de Marie-Antoinette sur le tableau original en grand habit de cour par Vigée Lebrun

👀 Une des versions du tableau Marie-Antoinette en grand habit de cour par Élisabeth Vigée Lebrun est exposée dans le réchauffoir de l’appartement du capitaine des gardes au château de Versailles. La toile originale est visible au palais impérial d’Innsbruck, en Autriche.

5. Marie-Antoinette et ses enfants, le portrait de Marie-Antoinette le + émouvant

Élisabeth Vigée Lebrun, portrait de Marie-Antoinette et de ses enfants
Élisabeth Vigée Lebrun, Marie-Antoinette de Lorraine-Habsbourg, reine de France et ses enfants (1788) Huile sur toile, 195 × 271 cm, Château de Versailles.

Commandée en 1786 à la peintre fétiche de Marie-Antoinette, cette toile grandeur nature (près de 3 m de haut !) fut exposée au Salon de 1788.

Le déficit du royaume est, à cette époque, abyssal. L’affaire du collier vient d’écorner l’image de la reine et l’opinion publique montre de plus en plus de signes d’hostilités à son égard, à tel point que la peintre craint que le public ne s’en prenne à la toile. D’un point de vue plus intime, Marie-Antoinette et Louis XVI viennent de perdre leur quatrième enfant, la petite Sophie, qui s’est éteinte à l’âge de 11 mois.

Ce tableau représentant la reine dans sa fonction première, celle de mère, est censé redorer le blason de Marie-Antoinette. Hormis la blague d’un plaisantin qui écrit dans le cadre encore vide « Voilà le déficit », le tableau est bien accueilli.

Certains sont frappés cependant par l’expression de mélancolie qui se dégage des protagonistes. La reine a les yeux dans le vide. Sa fille l’étreint comme pour la consoler. Le dauphin Louis-Joseph lève le voile du berceau de Sophie, qui reste désespérément vide. Lui-même est très malade en 1788. Il mourra d’ailleurs l’année suivante. Finalement, plus qu’un portrait de la maternité éclatante, c’est un portrait du deuil que présente Vigée Lebrun.

Accroché dans le salon de Mars, le tableau sera finalement déplacé, Marie-Antoinette, peinée par la perte de sa petite dernière, n’en supportant plus la vue.

👀 Le tableau Marie-Antoinette et ses enfants est visible au château de Versailles, dans l’antichambre du grand-couvert des appartements de la reine.

>>> À lire aussi, mon article sur Marie-Antoinette et sa famille

6. La peinture Marie-Antoinette à la harpe, une tranche d’intimité

Marie-Antoinette à la harpe par Gautier Dagoty
Marie-Antoinette jouant de la harpe dans sa chambre d’apparat, par Gautier-Dagoty (1775)

Même si sur cette toile, les traits du visage de Marie-Antoinette ne sont pas vraiment flattés, ce tableau mérite sa place dans ce top 7, car il est un témoin précieux de l’intimité de la souveraine.

La scène se passe dans sa chambre d’apparat. La reine, en tenue du matin, donne un petit récital de harpe, son instrument de musique favori. Si Marie-Antoinette est le personnage central de la composition, les autres protagonistes de cette scène prise sur le vif méritent que l’on s’attarde sur eux :

  • au premier plan à droite, un peintre est en pleine séance. C’est Gautier-Dagoty lui-même, qui s’est représenté en train d’esquisser son autre célèbre toile : le premier portrait en grand habit de cour de Marie-Antoinette (celui dont je vous ai parlé plus haut. En zoomant, on reconnait d’ailleurs le tracé du globe).
  • au second plan à droite s’affairent des coiffeurs qui préparent les postiches.
  • au premier plan à gauche, une dame de compagnie tend à la reine ce qui ressemble à une partition. Mais il n’en est rien ! C’est un mot du peintre – ou plutôt, une supplique :

« À la Reine.
Madame
Monsieur J.B.G Dagoty ayant eu l’honneur de peindre Votre majesté et de lui faire plusieurs portraits, la supplie humblement de vouloir bien lui permettre de porter le titre de son peintre. »

  • derrière la harpe, devinez qui est cette femme à la coiffe noire ? C’est Rose Bertin, la célèbre « ministre des modes de Marie-Antoinette », qui lui présente des accessoires (plumes et rubans) pour customiser ses tenues.

Mais même si cette scène semble réaliste, sachez qu’elle est fictive. En réalité, ce n’est pas dans sa chambre d’apparat que Marie-Antoinette jouait de la musique ou bien recevait Rose Bertin, mais dans ses cabinets intérieurs, les pièces situées juste derrière son lit.

👀 Le tableau Marie-Antoinette à la harpe de Gautier-Dagoty fait partie des collections du château de Versailles.

7. Le portrait de Marie-Antoinette au Temple signé Kucharsky

Marie-Antoinette au Temple par Kucharsky
Marie-Antoinette au Temple en tenue de deuil par Alexandre Kucharsky, 1793.

Ce portrait de Marie-Antoinette au Temple a été réalisé par Alexandre Kucharsky, un peintre polonais qui réussit à s’introduire dans la prison entre fin janvier 1793 et fin mars 1793 en se faisant passer pour un garde national. Sur ce pastel, la reine est représentée en tenue de deuil. Louis XVI vient en effet tout juste d’être guillotiné. Le contraste est saisissant avec les toiles présentées ci-dessus. La reine est presque méconnaissable, portant dans son regard le poids des événements qui l’accablent.

👀 Une des copies du tableau de Marie-Antoinette en tenue de deuil au Temple est visible au château de Versailles. De nombreuses reproductions ont été réalisées par le peintre lui-même ou par d’autres portraitistes, et sont visibles dans différents musées de France, dont celui de Carnavalet à Paris.

J’espère que cette sélection de tableaux de Marie-Antoinette vous a plu. Je reviens très vite avec un autre article. En attendant, je vous conseille de lire (ou relire) l’histoire de Marie-Antoinette. Et si vous voulez tout savoir sur Marie-Antoinette sans avoir à lire une biographie, alors rendez-vous sur cette page.

Stéphanie

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Qui suis-je ?

Je suis Stéphanie Soulier, historienne de formation. J’ai craqué pour Marie-Antoinette après avoir vu un docufiction sur Arte. Depuis… j’ai décidé de lui consacrer un blog. En savoir plus sur ma démarche.

Stéphanie Soulier du site Passion Marie-Antoinette

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Pour tout savoir sur Marie-Antoinette, vous pouvez lire une biographie.

Sinon, vous pouvez aussi lire le petit livre bleu.